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LIVRE SEPTIÈME.


traire à la notion du temps : car il est incompatible avec l’identité [par conséquent avec le repos et ce qui est en repos].

Ceux qui considèrent le temps comme le mouvement admettent qu’il est, soit toute espèce de mouvement, soit le mouvement de l’univers ; ceux qui le regardent comme le mobile ont en vue la sphère de l’univers ; enfin ceux qui croient que le temps est quelque chose du mouvement le considèrent, soit comme l’intervalle du mouvement, soit comme sa mesure, soit comme quelque conséquence du mouvement en général ou du mouvement régulier.

VII. Il est impossible que le temps soit le mouvement[1], soit qu’on prenne tous les mouvements ensemble de manière à n’en faire qu’un seul, soit que l’on considère seulement le mouvement régulier : car ces deux espèces de mouvement sont dans le temps[2]. Si l’on suppose qu’il y a un mouvement qui ne s’opère pas dans le temps, ce mouvement sera encore bien plus éloigné d’être le temps, puisque, dans cette hypothèse, autre chose est ce dans quoi se produit le mouvement, autre chose le mouvement même. Parmi les raisons qui ont été alléguées et qui sont alléguées pour réfuter cette opinion, une seule suffit : c’est que le mouvement peut cesser et s’arrêter, tandis que le temps ne saurait suspendre son cours[3]. Si l’on dit que le mouvement de l’univers ne s’interrompt jamais, nous répondrons que ce

  1. « Les Stoïciens disent que le mouvement est l’essence du temps, et la plupart le regardent comme non-engendré. » (Stobée, Eclogœ physicœ, IX, § 40, p. 250, éd. Heeren.)
  2. « Jubes [Deus] ut approbem si quis dicat tempus esse motum corporis ? Non jubes. Nam corpus nullum nisi in tempore moveri audio : tu dicis. Ipsum autem corporis motum tempus esse non audio : non tu dicis. Quum enim movetur corpus, tempore metior quamdiu moveatur, ex quo moveri incipit donec desinat, etc. » (S. Augustin, Confessiones, XI, 24.)
  3. Le raisonnement que Plotin se borne ici à indiquer est développé dans saint Augustin : « Audivi a quodam homine docto, quod solis ac lunæ ac siderum motus ipsa sint tempora, et nil annui. Cur enim non potius omnium