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LIVRE HUITIÈME.


-il identique avec la raison et possède-t-il en lui-même ce qu’il découvre aux autres. Il se contemple lui-même ; il est arrivé à l’unité non-seulement par rapport aux objets extérieurs, mais encore par rapport à lui-même ; il se repose dans cette unité et il trouve toutes choses en son propre sein.

VI. Ainsi tout dérive de la contemplation, tout est contemplation, les êtres véritables, et les êtres que ceux-ci engendrent en se livrant à la contemplation et qui sont eux-mêmes des objets de contemplation soit pour la sensation, soit pour la connaissance ou l’opinion[1]. Les actions ont pour fin la connaissance ; le désir l’a également pour fin. La génération a pour principe la spéculation et aboutit à la production d’une forme, c’est-à-dire d’un objet de contemplation. En général, tous les êtres qui sont des images des principes générateurs produisent des formes et des objets de contemplation. Les substances engendrées, étant des imitations des êtres, montrent que les principes générateurs ont pour but, non la génération ni l’action, mais la production d’œuvres qui soient elles-mêmes contemplées. C’est à la contemplation qu’aspirent la pensée

  1. Le P. Thomassin cite ce passage de Plotin et explique comment cette théorie de la contemplation se rattache à la théorie générale de notre auteur sur les idées et l’Intelligence divine : « In quibus Plotini verbis id perspicue cernitur ideas rerum omnes non alibi esse quam in Mente prima seu Verbo divino, et ejus effulgentiam atque substantiam ipsam has esse ; esse item ipsas pulchritudinis totius formas, sicuti Mens, seu Verbum, ipsa summa et incorruptibilis pulchritudo est, profes utique germana summi Boni. Porro ex eodem Plotino ideœ quum sint rationeset contemplation es, seu contempla mina quœdam primæ Mentis, quæ hic imprimantur sive in animam, sive in materiam, contempla mina ipsa sunt et rationes, suo quodam proprio sibi modo. Itaque rationes, quoque seminales, unde efformantur corpora omnia, contemplationes quædam et ipsæ sunt, seu imagines divinarum contemplationum. » (Dogmata theologica, t. I, p. 138.)