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TROISIÈME ENNÉADE.


plus un objet de contemplation qui semble être dans une autre chose : car, être dans une autre chose qui vit, ce n’est pas vivre soi-même. Donc, pour vivre, l’objet de la contemplation et de la pensée doit être la Vie elle-même, et non la vie végétative, ni la vie sensitive, ni la vie psychique : car ce sont là des pensées différentes, l’une étant la pensée végétative, l’autre, la pensée sensitive, l’autre la pensée psychique[1]. Pourquoi sont-ce là des pensées (νοήσεις) ? c’est que ce sont des raisons.

Toute vie est une pensée qui, comme la vie elle-même, peut être plus ou moins vraie. La Pensée la plus vraie est aussi la Vie première, et la Vie première ne fait qu’un avec l’Intelligence première : ainsi, le premier degré de la vie est également le premier degré de la pensée, le second degré de la vie est le second degré de la pensée, et le dernier degré de la vie est aussi le dernier de la pensée. Donc toute vie de cette espèce est une pensée. Cependant les hommes peuvent assigner les différences des divers degrés de vie sans pouvoir indiquer également celles des différents degrés de pensée ; ils se contentent de dire que les uns impliquent l’intelligence et que les autres l’excluent, parce qu’ils ne cherchent pas à pénétrer l’essence de la vie. Remarquons du reste que la discussion nous ramène encore ici à cette proposition : Tous les êtres sont des contemplations. Si la vie la plus vraie est la vie de la pensée, si la vie la plus vraie et la vie de la pensée sont identiques, il en résulte que la pensée la plus vraie est une chose vivante. Cette contemplation est vie, l’objet de cette contemplation est être vivant et vie, et tous les deux ne font qu’un.

    phia nec satis accurate perspicitur quid inter hominum mentem et Mentem supremam sive absolutam intersit, neque quomodo singulorum mentes radices suas atque initia in divina Mente habeant. »

  1. Pour les divers degrés de la Pensée et de la Vie, Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § XII, XIII, t. I, p. LXII.