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LIVRE HUITIÈME.


Aussi y a-t-il partout retour à l’Un[1]. [Il y a pour chaque chose une unité à laquelle on la ramène[2]] : par conséquent, l’univers doit être ramené à l’unité qui lui est supérieure, et comme cette unité n’est pas absolument simple, elle doit être elle-même ramenée à une unité supérieure encore, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on arrive à l’Unité absolument simple, qui ne peut être ramenée à aucune autre. Donc, si vous considérez ce qui est un dans un arbre (c’est-à-dire son principe permanent), ce qui est un dans un animal, dans une âme, dans l’univers, vous aurez partout ce qu’il y a de plus puissant et de plus précieux[3]. Si vous contemplez enfin l’Unité des choses qui existent véritablement, c’est-à-dire leur principe, leur source, leur puissance [productrice], pouvez-vous douter de sa réalité et

  1. ἡ ἀναγωγή πανταχοῦ ἐφ’ ἕν. Sur le retour des êtres à l’Un, Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § XXX, t. I, p. LXIX.
  2. Cette phrase semble être une glose ; c’est pourquoi nous la mettons entre crochets.
  3. On trouve les mêmes idées, appuyées des mêmes exemples, dans les écrits de saint Augustin : « Hunc igitur ordinem tenens anima jam philosophiæ tradita, primo seipsam inspicit ; et cui jam illa eruditio persuasit, aut suam, aut seipsam esse rationem, in ratione autem aut nihil esse melius et potentius numeris, aut nihil aliud quam numerum esse rationem, ita secum loquetur : Ego quondam meo motu interiore et occulto ea qua : discenda sunt possum discernere et connectere, et hæc vis mea ratio vocatur. Quid autem discernendum est, nisi quod aut unum putatur et non est, aut certe non tam unum est quam putatur ? Item cur quid connectendum est, nisi et unum fiat quantum potest ? Ergo, et in discernendo et in connectendo, unum volo et unum amo. Sed, quum discerno, purgatum ; quum connecto, integrum volo. In illa parte vitantur aliena, in hac propria copulantur, ut unum aliquid perfectum fiat. Lapis ut esset lapis, omnes ejus partes omnisque natura in unum solidata est. Quid arbor ? nonne arbor non esset, si una non esset ? Quid membre cujuslibet animantis ac viscera, et quidquid est eorum e quibus constat ? Certe si unitatis patiantur divortium, non erit animal, etc. » (De Ordine, II, 18.) Voy. aussi De Vera Religione, 35, 36.