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QUATRIÈME ENNÉADE.


êtres iraient s’occuper de favoriser des vices et des forfaits dont ils ne sauraient recueillir aucun fruit ?

XXXII. Puisque nous n’expliquons pas par des causes physiques (σωματιϰαῖς αἰτίαις) ni par des déterminations volontaires (προαιρέσεσι) l’influence que le ciel exerce extérieurement sur nous, sur les autres animaux, et en général sur les choses terrestres, à quelle autre cause pouvons-nous raisonnablement la rapporter ? D’abord, il faut admettre que cet univers est un animal un (ζῶον ἕν), qui renferme en lui-même tous les animaux[1], et qu’il y a en lui une âme une (ψυχὴ μία), qui se communique à toutes ses parties, c’est-à-dire à tous les êtres qui sont des parties de l’univers. Or, tout être qui se trouve contenu dans le monde sensible est une partie de l’univers : d’abord il en est une partie par son corps, sans aucune restriction ; ensuite il en est encore une partie par son âme, mais seulement en tant qu’il participe à la Puissance naturelle et végétative] de l’Âme universelle. Les êtres qui ne participent qu’à [la Puissance naturelle et végétative] de l’Âme universelle sont complètement des parties de l’univers[2]. Ceux qui participent à une autre Âme [à la Puissance supérieure de l’Âme universelle] ne sont pas complètement des parties de l’univers [ils sont indépendants par leur âme raisonnable] ; mais ils éprouvent des passions par l’action des autres êtres, en tant qu’ils ont quelque chose de l’univers [en tant que, par leur âme irraisonnable, ils participent à la Puissance naturelle et végétative de l’univers] et en proportion même de ce qu’ils ont ainsi de l’univers. Cet univers est donc un animal un et sympathique à lui-même[3]. Les parties qui semblent éloignées

  1. Voy. le passage du Timée cité dans le tome I, p. 465.
  2. Voy. Enn. II, liv. III, § 7, 9, 10, 13, 15 ; t. I, p. 175, 179, 180, 183, 187.
  3. Ici Plotin s’est inspiré de la doctrine des Stoïciens. Voy., à la fin de ce volume, dans les Éclaircissements sur le livre II de l’Ennéade III, l’exposé des idées que ces philosophes professaient sur la Providence et le Destin. Voy. aussi les notes du tome I, p. 173-176.