Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
397
LIVRE QUATRIÈME.


sée. Elles montrent qu’on ne peut rendre les dieux [les astres] responsables des maux, et cela pour plusieurs raisons : 1o les choses que les dieux produisent ne résultent pas d’un libre choix, mais d’une nécessité naturelle, parce que les dieux agissent, comme parties de l’univers, sur les autres parties de l’univers, et concourent à la vie de l’animal universel[1] ; 2o les êtres d’ici-bas ajoutent par eux-mêmes beaucoup aux choses qui proviennent des astres[2] ; 3o les choses que les astres nous donnent ne sont pas mauvaises, mais elles s’altèrent par le mélange[3] ; 1o la vie de l’univers n’est pas réglée en vue de l’individu, mais en vue du tout[4] ; 5o la matière n’éprouve pas des modifications complètement conformes aux impressions qu’elle reçoit, et ne peut pas entièrement se soumettre à la forme qui lui est donnée[5].

XL. Mais comment expliquerons-nous les enchantements de la Magie ? Par la sympathie que les choses ont les unes pour les autres, l’accord de celles qui sont semblables, la lutte de celles qui sont contraires, la variété des puissances des divers êtres qui concourent à former un seul animal : car beaucoup de choses sont attirées les unes vers les autres et sont enchantées sans l’intervention d’un magicien. La Magie véritable, c’est l’Amitié qui règne dans l’univers, avec la Haine, son contraire. Le premier magicien, celui que les hommes consultent pour agir au moyen de ses philtres et de ses enchantements, c’est l’Amour[6] : car, c’est de l’amour naturel que les choses ont les unes pour les autres, c’est de la puissance naturelle qu’elles ont de se faire aimer les unes des autres, que découle l’efficacité de l’art d’inspirer de l’amour en employant des enchantements. Par cet

  1. Voy. Enn. II, liv. III, § 5, 7, 8 ; t. I, p. 172, 176-178.
  2. Ibid., § 11 ; p. 181.
  3. Ibid., § 12 ; p. 182.
  4. Ibid., § 7, 12 ; p. 176, 183.
  5. Ibid., § 16 ; p. 190.
  6. Voy. le passage de Platon cité ci-dessus, p. 112, note 1.