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QUATRIÈME ENNÉADE.


trompée par ce qui l’attire. C’est ainsi que s’exerce la puissance magique de la nature. En effet, poursuivre ce qui n’est pas le bien comme si c’était le bien, se laisser entraîner par son apparence et par des penchants irrationnels, c’est le propre d’un homme qui est conduit à son insu où il ne voulait pas aller. Or, n’est-ce pas là céder véritablement à un charme magique ? Celui-là seul échappe donc à tout charme magique qui, quoiqu’il soit entraîné par les facultés inférieures de son âme, ne regarde comme bien aucun des objets qui paraissent être tels à ces facultés, n’appelle bien que ce qu’il connaît par lui-même être tel, sans être séduit par aucune apparence trompeuse, ne regarde comme bien que ce qu’il ne cherche pas, mais ce qu’il possède véritablement. Alors il ne saurait être entraîné nulle part par aucun charme magique.

XLV. De cette discussion, il ressort évidemment que chacun des êtres compris dans l’univers concourt à la fin de l’univers par ses actions et ses passions selon sa nature et ses dispositions, comme chaque organe dans un animal concourt à la fin du corps entier en remplissant la fonction que lui assignent sa nature et sa constitution, tient de la sa place et son rôle, communique en outre quelque chose aux autres organes, et en reçoit lui-même tout ce que comporte sa nature ; tous les organes sentent chacun en quelque sorte ce qui se passe dans les autres, et, si chacun d’eux devenait un animal, il serait tout préparé à remplir les fonctions d’animal, lesquelles diffèrent de celles d’organe.

Nous voyons aussi quelle est notre condition : d’un côté, nous exerçons une certaine action sur le tout ; de l’autre, non-seulement nous éprouvons les passions qu’il est naturel que notre corps éprouve dans ses relations avec d’autres corps, mais encore nous faisons entrer dans ces relations l’âme qui nous constitue, liés que nous sommes aux choses congénères qui nous entourent par la ressemblance que nous avons naturellement avec elles : en effet, par