Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
423
LIVRE CINQUIÈME.


âme, mais qui procède seulement de cet acte, telle que la vie que nous disons propre au corps, cette force sera-t-elle dans les mêmes conditions que la lumière mêlée aux corps ? — Nous disons que la lumière est dans les corps colorés, en tant que ce qui produit la couleur est mêlé aux corps. Quant à la vie propre au corps, nous pensons que le corps la possède tant que la première âme est présente : car rien ne peut être inanimé. Quand le corps périt, et qu’il n’est plus assisté par la première âme qui lui communiquait la vie, ni par l’acte de cette âme, comment la vie demeurerait-elle dans le corps ? — Quoi ! cette vie a-t-elle péri ? — Non : cette vie elle-même n’a pas péri (car elle n’est que l’image d’une irradiation) ; il faut dire seulement qu’elle n’est plus là[1].

VIII. S’il y avait un corps hors de notre monde, et qu’un œil le considérât d’ici, sans obstacle, il est douteux qu’il pût le voir, parce qu’il ne serait pas en communauté d’affection avec lui : car la communauté d’affection a pour cause la nature de l’animal un [l’unité du monde]. Puisque la communauté d’affection [la sympathie] suppose que les choses sensibles et les sens appartiennent à l’animal un, le corps placé hors du monde ne serait pas senti, à moins qu’il ne fût une partie du monde. S’il en était une partie, il pourrait être senti. S’il n’en était pas une partie, mais que par sa couleur et ses autres qualités il fût conforme à l’organe qui doit le percevoir [serait-il senti] ? Non, il ne serait pas senti, si toutefois cette hypothèse [d’un corps placé hors du monde] est admissible. Mais peut-être refuserait-on d’admettre cette hypothèse en prétendant qu’il est absurde que l’œil ne voie pas la couleur placée devant lui et que les autres sens ne perçoivent pas les qualités qui sont en leur présence. Voici pourquoi cela paraît absurde : c’est que nous sommes actifs et passifs parce que nous sommes dans l’animal un et que nous en consti-

  1. Voy. ci-dessus, p. 377-379.