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QUATRIÈME ENNÉADE.


tuons des parties. Y a-t-il encore quelque chose à considérer ? Si ce que nous avons dit suffit, notre démonstration est terminée ; sinon, il faut donner encore d’autres preuves à l’appui de ce que nous avançons.

Tout animal est sympathique à lui-même. Si ce que nous avons nommé forme un seul animal, notre démonstration suffit, et toutes choses éprouveront des affections communes en tant qu’elles constituent des parties de l’animal un. Si l’on avance qu’un corps extérieur au monde pourrait être senti à cause de sa ressemblance, nous dirons que la perception appartient à l’animal, parce que c’est l’animal qui possède la ressemblance : car son organe est semblable [à la chose perçue] ; ainsi, la sensation sera la perception que l’âme aura au moyen d’organes semblables aux choses perçues. Si donc l’animal sent, non seulement ce qui est en lui, mais encore des choses semblables à ce qui est en lui, il percevra ces choses en tant qu’il est animal, et ces choses seront perçues, non en tant qu’elles lui appartiennent, mais en tant qu’elles ressemblent à ce qui lui appartient. Il semble plutôt que les choses perçues doivent être perçues en tant qu’elles sont semblables parce que l’âme se les est rendues semblables et familières. Si donc l’âme qui se rend ces choses semblables est tout autre qu’elles, les choses qu’on suppose lui devenir semblables lui resteront tout à fait étrangères. L’absurdité de la conséquence montre qu’il y a une contradiction dans l’hypothèse : car on affirme à la fois que l’âme existe et n’existe pas, que les choses sont conformes et différentes, semblables et dissemblables. Par conséquent, puisque l’hypothèse implique contradiction, elle n’est pas admissible : car elle suppose que l’âme existe dans ce monde, par suite que le monde est et n’est pas universel, est et n’est pas autre, est et n’est pas parfait. Il faut donc abandonner l’hypothèse que nous discutons : car on ne saurait en tirer une conséquence raisonnable puisqu’elle implique contradiction.