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LIVRE SEPTIÈME.


Comme nous l’avons déjà dit précédemment [§ 3], cette hypothèse est inadmissible pour plusieurs raisons :

D’abord, l’âme est antérieure [au corps] et l’harmonie lui est postérieure. Ensuite, l’âme maîtrise le corps, le gouverne, lui résiste même souvent, ce qu’elle ne saurait faire si elle n’était qu’une simple harmonie. L’âme en effet est une essence, l’harmonie n’en est pas une : lorsque les principes corporels dont nous sommes composés sont mélangés dans de justes proportions, leur tempérament constitue la santé [mais non une essence, telle que l’âme]. D’ailleurs, chaque partie du corps étant mélangée d’une manière dif-

    facile de déterminer quels sont les auteurs combattus par Platon et par Aristote. En tout cas, d’opinion que l’âme est une harmonie a été professée par deux classes d’hommes, par des médecins, tels que Hippocrate et Galien, comme nous l’avons dit ci-dessus (p. 437, note 4), et par des philosophes, tels que Dicéarque et Aristoxène : L’âme, disait Dicéarque, est l’harmonie des quatre éléments, ἁρμονία τῶν τεσσάρων στοιϰείων, c’est-à-dire la mixtion et l’accord du chaud, du froid, du sec et de l’humide. » (Némésius, De la Nature de l’homme, ch. II.) Quant à Aristoxène, il comparait l’âme à l’harmonie de la lyre : « Aristoxenus musicus, idemque philosophus, ipsius corporis intentionem quamdam, vel, ut in cantu et fidibus, quæ harmonia dicitur, sic ex corporis totius natura et figura varios motus cieri, tanquam in cantu sonos. » (Cicéron, Tusculanes, I, 10.) Pour plus de détails, Voy. M. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 32. Saint Augustin a développé de la manière suivante les objections que Plotin fait à cette théorie : Nisi forte vitam temperationem aliquam corporis, ut nonnulli opinati sunt, debemus credere. Quibus profecto nunquam hoc visum esset, si ea quæ vere sunt et incommutabilia permanent eodem animo a corporum consuetudine alienato atque purgato videre valuissent. Quis enim, bene se inspiciens, non expertus est tanto se aliquid intellexisse sincerius, quanto removere atque subducere intentionem mentis a corporis sensibus potuit ? Quod si temperatio corporis esset animus, non utique id posset accidere. Non enim ea res, quæ naturam propriam non haberet neque substantiva esset, sed in subjecto corpore tanquam color et forma inseparabiliter inesset, ullo modo se ab eodem corpore ad intel-