d’elle que procéderait l’âme qui serait l’unité dans la pluralité, l’image multiple de l’Âme une dans un corps un, comme un seul cachet en imprimant une même figure à une multitude de morceaux de cire se trouverait distribuer cette figure en une multitude d’empreintes. Dans ce cas [si l’essence de l’âme consistait dans sa forme], l’âme serait quelque chose d’incorporel, et comme elle consisterait dans une affection du corps (πάθημα), il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’une qualité unique, émanée d’un principe unique, pût être à la fois en une multitude de sujets. Enfin, si l’essence de l’âme consistait à être les deux choses [à être à la fois une partie d’un corps homogène et une affection de ce corps], il n’y aurait encore rien d’étonnant [à ce qu’il y eût unité d’essence dans une multitude de sujets].
Maintenant, nous admettons que l’âme est incorporelle, qu’elle est une essence, et nous allons considérer ce qui résulte de là.
V. Comment une essence peut-elle être une dans une multitude d’âmes ? — Ou cette essence une est tout entière dans toutes les âmes, ou cette essence une et entière engendre toutes les âmes en demeurant en elle-même. Dans les deux cas, cette essence est une. Elle est l’unité à laquelle se rapportent les âmes particulières ; elle se donne à cette multitude, et en même temps elle ne se donne pas ; elle peut se communiquer à toutes les âmes particulières et néanmoins demeurer une ; elle a assez de puissance pour passer dans toutes à la fois, et n’être séparée d’aucune : de cette manière, son essence reste identique, tout en étant présente dans une multitude d’âmes. Qu’on ne s’étonne pas de ce fait : la science est aussi tout entière dans chacune de ses parties, et elle les engendre sans cesser d’être tout entière en elle-même. De même, une semence est tout entière dans chacune des parties entre lesquelles elle se divise naturellement ; chacune de ces parties a les mêmes propriétés que toute la semence ; néanmoins, la semence reste tout entière,