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QUATRIÈME ENNÉADE.


sans être diminuée ; et si la matière [dans laquelle réside la semence] lui offre une cause de division, toutes les parties n’en forment pas moins une seule unité.

Mais, dira-t-on, dans la science la partie n’est pas la science totale. — Sans doute, la notion qu’on rend explicite et qu’on étudie à l’exclusion des autres, parce qu’on en a principalement besoin, n’est en acte qu’une partie. Toutefois, elle renferme en puissance d’une manière latente toutes les autres notions qu’elle implique[1]. Ainsi, toutes les notions sont contenues dans chaque partie de la science, et sous ce rapport chaque partie est la science totale : car, ce qui n’est en acte qu’une partie est [en puissance] toutes les notions de la science. On a donc à sa disposition chaque notion qu’on veut rendre explicite ; on a cette notion à sa disposition dans chaque partie de la science que l’on considère ; mais elle paraît n’y être qu’en puissance si on la rapproche du tout. Il ne faut cependant pas croire que la notion particulière ne contienne rien des autres notions ; dans ce cas, elle n’aurait rien de systématique ni de scientifique ; elle ne serait qu’une conception futile. Si elle est une notion vraiment scientifique, elle contient en puissance toutes les notions de la science, et le véritable savant sait découvrir toutes les notions dans une seule en en développant les conséquences. Le géomètre fait voir dans ses démonstrations que chaque théorème renferme tous les théorèmes précédents, auxquels on remonte par l’analyse, et tous les théorèmes suivants, qu’on en tire par déduction.

Ces vérités excitent notre incrédulité, parce qu’ici-bas notre raison est faible et qu’elle est obscurcie par le corps. Dans le monde intelligible, au contraire, toutes les vérités sont claires et chacune en particulier est évidente.

  1. Voy. ci-dessus p. 241, no 2, et p. 498, note 2. Voy. également ce que Plotin dit ci-dessus sur les rapports de l’Intelligence universelle avec les intelligences particulières, p. 483.