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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Nous sommes d’autant plus fondé à admettre que saint Augustin, en parlant de la théorie du Verbe chez les Néoplatoniciens, fait allusion à ce morceau de Plotin, que ce même morceau est commenté dans le même sens par saint Cyrille (Adversus Julianum, livre VIII).

Nous trouvons d’ailleurs dans les écrits de Victorinus lui-même une preuve à l’appui de notre opinion. Victorinus a laissé un Traité contre Arius. Or, dans un morceau de ce traité que nous citons plus loin (p. 562), et dans lequel l’auteur nous apprend qu’il se borne à résumer les théories qu’il a exposées dans d’autres livres, on lit un passage qui rappelle le début du morceau de Plotin dont nous venons de donner la traduction. Voici ce passage de Victorinus :

« Puisse l’Esprit-Saint nous assister, et nous exposerons avec fidélité ce qui nous a été inspiré, pourvu que le lecteur veuille bien nous accorder son attention. Mais nous avertissons qu’il faut écarter ici de son esprit toute idée de temps pour concevoir une génération qui, étant éternelle, n’a pas commencé dans le temps, parce qu’ici ces deux principes, Celui qui engendre et Celui qui est engendré, ne forment en réalité qu’un seul principe[1]. D’abord, c’est en demeurant dans leur repos, en continuant d’être ce qu’elles sont, qu’ont engendré, sans changer ni se mouvoir, les choses qui sont éternelles, divines, qui tiennent le premier rang : savoir le premier Dieu, puis le Verbe ou l’Intelligence, etc…. L’âme seule entre en mouvement pour engendrer. » (Adversus Arium, liv. IV, p. 285-286 ; dans la Bibliothèque des Pères, t. IV, Lyon, MDCLXXVII.)

Voilà ce que nous avions à dire pour ce qui concerne Plotin. Quant à Porphyre, saint Augustin le cite aussi en termes qui sont d’accord avec ceux qu’il a employés plus haut :

« Tu reconnais hautement le Père, ainsi que son Fils, que tu appelles l’Intelligence du Père… Mais le chemin du salut, mais le Verbe

  1. Dans un autre endroit du même ouvrage (IV, p. 281), on lit encore : « Dieu a produit premièrement (si l’on peut dire que dans les œuvres de Dieu il y ait quelque chose de premier ; mais, pour parvenir à concevoir ce qu’elle étudie, l’intelligence humaine se représente, non-seulement comme engendrées, mais encore comme engendrées successivement et séparées sous le rapport du temps, des choses qui existent simultanément ou qui sont inséparables), Dieu, dis-je, a produit premièrement les essences des universaux, que Platon nomme idées, formes génératrices de toutes les formes qui existent dans les êtres, tels que l’entité (ὀντότης, la vitalité (ζωότης), l’intellectualité (νόησις), l’identité (ταυτότης), la différence (ἑτερότης). » La phrase qui est en italique reproduit presque textuellement ce que Plotin dit à propos des mythes dans le livre V de l’Ennéade III, p. 120-121.