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LIVRE SIXIÈME.
DES SENS ET DE LA MÉMOIRE.

Ce livre est le quarante-unième dans l’ordre chronologique. Il a été traduit en français par M. Barthélemy Saint-Hilaire (De l’École d’Alexandrie, p. 240-244).

rapprochement entre plotin et boëce.

Boëce, dont nous avons déjà cité ci-dessus (p. 525 et p. 549) le traité de la Consolation de la Philosophie, a, dans ce même ouvrage, résumé fidèlement la théorie que Plotin donne ici de la sensation et la réfutation qu’il fait de la doctrine professée sur ce point par les Stoïciens. Voici ce morceau, mêlé de vers et de prose, qui nous paraît très-remarquable :

[Vers.] « Ces anciens sages, trop peu connus, qu’a produits le Portique, croyaient que les objets extérieurs impriment dans notre âme des images sensibles, comme le style rapide trace des caractères sur des tablettes vides[1]. Mais, si l’âme n’agit point et ne produit rien par ses mouvements propres ; si, purement passive, elle se borne à recevoir les empreintes qui lui viennent des corps et à réfléchir les images des objets comme un simple miroir[2], comment possède-t-elle la faculté d’avoir l’intuition de toutes choses[3] ? Quelle est cette puissance [de la raison discursive] qui divise et considère isolément les conceptions, puis les combine, et, suivant tour à tour deux routes opposées, tantôt s’élève aux notions les plus hautes aux pensées de l’intelligence], tantôt descend aux plus basses [aux images des sens], puis, se repliant sur elle-même, discerne le faux

  1. Voy. Plotin, Enn. IV, liv. VI, § 1, 3 ; t. II, p. 425, 434.
  2. Ibid., § 1, 2 ; p. 426, 427.
  3. Ibid., § 3, p. 430.