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JAMBLIQUE.

De la Descente des âmes.

XI[1]. Plotin, Porphyre et Amélius disent que les âmes passent toutes également de l’Âme supra-céleste dans des corps[2]. Timée nous paraît traiter ce point d’une manière fort supérieure quand il représente le Démiurge semant les âmes, lors de leur première existence (ὑπόστασις πρώτη (hypostasis prôtê))[3], dans les genres de corps les meilleurs, dans tout le ciel et dans tous les éléments de l’univers. D’après cela, les âmes semées par le Démiurge seront distribuées dans toutes les créations du Démiurge, et, lors de leur première procession (πρόοδος (proodos)), les âmes, en recevant l’existence, possèdent avec elles-mêmes leurs réceptacles, à savoir : l’Âme universelle, l’univers ; les âmes des dieux visibles, les sphères célestes ; les âmes des éléments, les éléments mêmes auxquels elles sont échues d’après la demeure que le sort a assignée à chacune d’elles[4] ; en sorte que les descentes (ϰάθοδοι (kathodoi)) des âmes deviennent différentes les unes des autres par les différentes demeures qu’elles ont reçues du sort, comme l’explique clairement la distribution dont parle Timée[5].

Il est une autre secte de Platoniciens qui, en traitant des descentes que les âmes opèrent de différents lieux, ne les distinguent

  1. Stobée, Eclogœ physicœ, ii, § 35, p. 902.
  2. Pour Plotin, Voy. Enn. IV, liv. III, § 9-17.
  3. Cette expression équivaut à celle de naissance première qui se trouve dans Platon : « Il dit que la naissance première (γένεσις πρώτη (genesis prôtê)) serait uniformément la même pour tous les animaux, afin qu’aucun n’eût à se plaindre de lui ; que, semées chacune dans celui des astres, instruments du temps, qui lui était attribué, les âmes devaient produire celui des animaux qui est le plus capable d’honorer la divinité. » (Timée, p. 41 ; p. 113 de la trad. de M. H. Martin.)
  4. Ce passage de Jamblique est cité par Michel Psellus (De Omnifaria doctrina, § 34) : « Le philosophe Jamblique, qui entre à ce sujet dans des distinctions trop minutieuses, étend l’âme raisonnable depuis Dieu jusqu’à la terre, et lui attribue dans chaque partie de l’univers des facultés différentes, dont il place les unes dans le ciel, d’autres dans les éléments, d’autres encore dans le corps solide. »
  5. Les idées que Jamblique expose ici paraissent tirées du Commentaire qu’il avait composé sur le Timée de Platon. Voy. Proclus, Comm. sur le Timée, p. 324.