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JAMBLIQUE.


Sens interne.

[Aristote.] Comme nous sentons que nous voyons et entendons, il faut absolument que ce soit ou par la vue, ou par un autre sens, que l’on sente que l’on voit. (De l’Âme, III, 2 ; p. 262 de la trad. fr.)

XX. [Jamblique.] La sensation qui est nôtre [qui est propre à l’âme] porte le même nom que la sensation irrationnelle [qui est commune à l’âme et au corps][1]. Fragment cité par Simplicius, Comm. sur le Traité de l’âme, f. 52, éd. d’Alde.)

Imagination.

[Aristote.] On peut dire que l’imagination est le mouvement qui ne saurait avoir lieu sans la sensation, ni ailleurs que dans les êtres qui sentent ; qu’elle peut rendre l’être qui la possède agent et patient de bien des manières ; et enfin qu’elle peut également être vraie et être fausse. (De l’Âme, III, 3 ; p. 286 de la trad. fr.)

XXI. [Jamblique.] L’Imagination est liée à toutes les puissances de l’âme : elle reçoit l’empreinte de toutes, retrace les formes qui leur sont propres, et transmet les impressions d’une faculté à une autre ; elle donne à l’opinion l’intuition des formes qui proviennent des Sens ; elle lui représente aussi les conceptions qui pro-

  1. Cette pensée de Jamblique est conforme à la théorie exposée sur ce point par Plotin dans l’Enn. I, liv. I, § 7. Elle est commentée par Simplicius en ces termes : « L’homme est complet sous le rapport de la sensibilité ; cela lui est commun avec beaucoup d’autres animaux. Mais, sentir que nous sentons, c’est le privilége de notre nature : car c’est le propre de la faculté rationnelle de pouvoir se tourner vers soi-même. On voit que la raison s’étend ainsi jusqu’à la sensation, puisque la sensation qui est propre à l’homme se perçoit elle-même. En effet, le principe qui sent se connaît lui-même dans une certaine mesure quand il sait qu’il sent, et, sous ce rapport, il se tourne vers lui-même et s’applique à lui-même… La sensation qui est nôtre est donc rationnelle : car le corps lui-même est organisé rationnellement. Cependant, comme le dit Jamblique, la sensation qui est nôtre porte le même nom que la sensation irrationnelle, sensation qui est tout entière tournée vers le corps, tandis que la première se replie sur elle-même. Sans doute, elle ne se tourne pas vers elle-même comme l’intelligence ou la raison : car elle n’est point capable de connaître son essence ni sa puissance, et elle ne s’éveille pas d’elle-même ; elle connaît seulement son acte et elle sait quand elle agit ; or, elle agit quand elle est mise en mouvement par l’objet sensible. » (Comm. sur le Traité de l’Âme, f. 52, éd. d’Alde.)