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TROISIÈME ENNÉADE.

étaient enseignée, ils n’ont pas craint de devenir par leur inertie, leur mollesse et leur paresse, comme de grasses brebis destinées à être la proie des loups ? Quant à ceux qui commettent ces rapines et ces violences, ils en sont punis, d’abord en ce qu’ils sont des loups et des êtres malfaisants, ensuite, en ce qu’ils subissent nécessairement [dans cette existence ou dans une autre] les conséquences de leurs mauvaises actions[1] : car les hommes qui ont été méchants ici-bas ne meurent pas tout entiers [quand leur âme est séparée de leur corps]. Or, dans les choses qui sont réglées par la nature et la raison, toujours ce qui suit est le résultat de ce qui précède : le mal engendre le mal, comme le bien engendre le bien. Mais l’arène de la vie diffère d’un gymnase, où les luttes ne sont que des jeux. Il faut alors que les enfants dont nous venons de parler et que nous avons divisés en deux classes, après avoir tous également grandi dans l’ignorance, se préparent à combattre, prennent des armes, et déploient plus d’énergie que dans les exercices du gymnase. Or, les uns sont bien armés, les autres ne le sont pas : les premiers doivent donc triompher. Dieu ne doit pas combattre pour les lâches : car la loi veut qu’à la guerre on sauve sa vie par la valeur et non par les prières[2]. Ce n’est point davantage par des prières qu’on obtient les fruits de la terre, c’est par le travail. On ne se porte pas bien non plus sans prendre aucun soin de sa santé. Il ne faut donc pas se plaindre que les méchants aient une plus riche récolte, s’ils cultivent mieux la terre[3]. N’est-ce pas enfin une

  1. Voy. Platon, République, liv. X. etc.
  2. Caton dit encore dans le discours déjà cité : « Non votis neque suppliciis muliebribus auxilia Deorum parantur : vigilando, agendo, bene consulendo prospere omnia cedunt : ubi socordiæ tete atque ignaviæ tradideris, nequidquam Deos implores, irati infestique sunt. »
  3. « Souviens-toi que tu ne peux pas, en ne faisant rien pour acquérir les choses étrangères, en obtenir autant que les autres. Comment, en effet, celui qui ne frappe pas aux portes d’un grand