Page:Plutarque - Vies des hommes illustres, Charpentier, 1853, Tome 1.djvu/399

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par naissance et par éducation, se fit le premier citoyen d’Athènes, parce qu’il fréquenta Aspasie, après la mort de Périclès. Platon, dans l’introduction du Ménexène, ne laisse pas, malgré son ton de plaisanterie, de donner comme positif, que plusieurs Athéniens allaient chez elle pour recevoir des leçons d’éloquence. Quoi qu’il en soit, il est évident que ce qui attira Périclès auprès d’elle, ce fut plutôt de l’amour. Il avait une femme, qui était sa parente, et qui, mariée en premières noces à Hipponicus, en avait eu un fils, Callias le riche. Elle avait aussi donné à Périclès deux fils, Xanthippe et Paralus. Plus tard, comme ils ne se plaisaient point, lui et elle, dans la société l’un de l’autre, il la céda, elle y consentant, à un autre mari, et il épousa Aspasie, qu’il aima éperdument ; car tous les jours, en sortant pour aller sur la place publique, ou en rentrant chez lui, il la saluait, dit-on, d’un baiser.

Les auteurs comiques ont donné à Aspasie les noms de nouvelle Omphale, de Déjanire, de Junon ; et Cratinus l’appelle nettement une concubine, dans ce passage :

Elle lui enfante Junon-Aspasie,
L’impudique concubine, à l’œil de chienne.


Il paraît que Périclès eut d’elle un bâtard ; car Eupolis, dans les Dèmes[1], l’a représenté faisant cette question :

Et mon bâtard vit-il encore ?


et Pyronidès lui répondant :

Il y a même longtemps déjà qu’il serait marié,
S’il n’avait craint le malheur de prendre une prostituée.

  1. D’autres lisent Démosies ; mais il est probable que la comédie mentionnée ici par Plutarque est la même qu’il a citée plus haut sous le titre de Dèmes. Peut-être aussi la même comédie était-elle désignée indifféremment sous les deux noms.