Page:Poe - Contes inédits traduction William L. Hughes, Hetzel.djvu/14

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« Tu as vaincu, murmure-t-elle (à moins que le bruit de l’eau ne m’ait empêché de bien entendre), — tu as vaincu ! Une heure après le lever du soleil, je serai au rendez-vous. Soit ! »


Le tumulte s’était apaisé. Les lumières s’éteignaient aux croisées du palais ducal. L’étranger, que je venais de reconnaître, restait seul sur le perron. En proie à une agitation inconcevable, il tremblait en cherchant autour de lui s’il ne verrait pas quelque barque ; je ne pus me dispenser de mettre la mienne à sa disposition ; et il accepta mon offre. Mon batelier s’étant procuré un autre aviron à l’embarcadère des gondoles, nous nous dirigeâmes vers la demeure du jeune homme, qui ne tarda pas à retrouver tout son sang-froid et parla avec une cordialité apparente de nos relations passées.

Il est des sujets que je me plais à décrire minutieusement. La personne de l’inconnu, — qu’on me permette de désigner ainsi un homme dont on connaissait si peu l’existence, — est un de ces sujets-là.

Sa taille était un peu au-dessous de la moyenne, bien qu’à certains moments de passion, elle parût littéralement se dilater, et donner un démenti à la réalité. La svelte symétrie, je dirai