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Page:Poe - The Raven, 1883.djvu/11

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famous as the room where Rouget de l’Isle composed the Marseillaise. All have heard that the poem, signed “Quarles, ” appeared in the “American Review”, with a pseudo-editorial comment on its form ; that Poe received ten dollars for it ; that Willis, the kindest and least envious of fashionable arbiters, reprinted it with a eulogy that instantly made it the town-talk. All doubt of its authorship was dispelled when Poe recited it himself at a literary gathering, and for a time he was the most marked of American authors. The hit stimulated and encouraged him. Like another and prouder satirist, he too found “something of summer” even “in the hum of insects.” Sorrowfully enough, but three years elapsed, – a period of influence, pride, anguish, yet always of imaginative or critical labor, — before the final defeat, before the curtain dropped on a life that for him was in truth a tragedy, and he yielded to “the Conqueror Worm.”

célèbre que la pièce où Rouget de l’Isle a composé la Marseillaise. Tous ont entendu parler du poème, signé « Quarles », qui est paru dans l’« American Review », avec un commentaire pseudo-éditorial sur sa forme ; que Poe en a reçu dix dollars ; que Willis, le plus aimable et le moins envieux des arbitres à la mode, l’a réimprimé avec un éloge qui en a fait instantanément le sujet de discussion en ville. Tous les doutes sur sa paternité furent dissipés lorsque Poe le récita lui-même lors d’une réunion littéraire, et pendant un certain temps, il fut le plus marqué des auteurs américains. Le succès l’a stimulé et encouragé. Comme un autre satiriste plus fier, il a lui aussi trouvé « quelque chose sur l’été », même « dans le bourdonnement des insectes ». Assez tristement, trois années se sont écoulées, — une période d’influence, de fierté, d’angoisse, mais toujours de travail imaginatif ou critique, — avant la défaite finale, avant que le rideau ne tombe sur une vie qui pour lui était en vérité une tragédie, et qu’il s’incline devant « Le Ver Conquérant ».

“The American Review : A Whig Journal” was a creditable magazine for the time, double-columned, printed on good paper with clear type, and illustrated by mezzotint portraits. Amid much matter below the present standard, it contained some that any editor would be glad to receive. The initial volume, for 1845, has articles by Horace Greeley, Donald Mitchell, Walter Whitman, Marsh, Tuckerman, and Whipple. Ralph Hoyt’s quaint poem “Old,” appeared in this volume. And here are three lyrics by Poe : “The City in the Sea,” “The Valley of Unrest,” and The Raven. Two of these were built up, — such was his way, — from earlier studies, but the last-named came out as if freshly composed, and almost as we have it now. The statement that it was not afterward revised is erroneous. Eleven trifling changes from the magazine-text appear in The Raven and Other Poems, 1845, a hook which the poet shortly felt encouraged to offer the public. These are mostly changes of punctuation, or of single words, the latter kind made to heighten the effect of alliteration. In Mr. Lang’s pretty edition of Poe’s verse, brought out in the “Parchment Library,” he has shown the instinct of a scholar, and has done wisely, in going back to the text of the volume just mentioned, as given in the London issue of 1846. The “standard” Griswold collection of the poet’s works abounds with errors. These have been repeated by later editors, who also have made new errors of their own. But the text of The Raven, owing to the requests made to the author for manuscript copies, was still farther revised by him; in fact, he printed it in Richmond, just before his death, with the poetic substitution of “seraphim whose foot-falls” for “angels whose faint foot-falls,” in the fourteenth stanza. Our present text, therefore, while substantially that of 1845, is somewhat modified by the poet’s later reading, and is, I think, the most correct and effective version of this single poem. The most radical change from the earliest version appeared, however, in the volume of 1845; the eleventh stanza originally having contained these lines, faulty in rhyme and otherwise a blemish on the poem:

Caught from some unhappy master, whom unmerciful Disaster
Followed fast and followed faster — so, when Hope he would adjure,
Stern Despair returned, instead of the sweet Hope he dared adjure —
That sad answer, 'Nevermore !’”

« The American Review : A Whig Journal » était un magazine honorable pour l’époque, à double coloration, imprimé sur du bon papier avec des caractères clairs, et illustré par des portraits en mezzotinte. Avec beaucoup de contenu en dessous de la norme actuelle, il contenait tout ce qu’un rédacteur en chef était heureux de recevoir. Le volume initial, de 1845, contient des articles de Horace Greeley, Donald Mitchell, Walter Whitman, Marsh, Tuckerman et Whipple. Le poème pittoresque de Ralph Hoyt, « Old », a été publié dans ce volume. Et voici trois textes de Poe : « La Cité en la Mer », « La Vallée de l’Inquiétude » et Le Corbeau. Deux d’entre eux sont issus d’études antérieures — c’était sa façon de faire — mais le dernier est paru fraîchement composé, et presque tel que nous le connaissons maintenant. L’affirmation selon laquelle il n’a pas été révisé par la suite est erronée. Onze changements mineurs par rapport au texte du magazine apparaissent dans Le Corbeau et autres poèmes, 1845, un crochet que le poète se trouva bientôt encouragé à offrir au public. Il s’agit principalement de changements de ponctuation ou de mots isolés, ce dernier type de changement ayant pour but de renforcer l’effet de l’allitération. Dans la jolie édition en vers de Poe par M. Lang, publiée à la « Bibliothèque des parchemins », il a montré l’instinct d’un érudit, et a fait preuve de sagesse en reprenant le texte du volume que nous venons de mentionner, tel qu’il figure dans le numéro de Londres de 1846. La collection « standard » Griswold des œuvres du poète regorge d’erreurs. Celles-ci ont été répétées par des éditeurs ultérieurs, qui ont également commis de nouvelles erreurs de leur propre chef. Mais le texte du "Corbeau", en raison des demandes de copies manuscrites adressées à l’auteur, a été révisé plus avant par celui-ci ; en effet, il l’a imprimé à Richmond, juste avant sa mort, avec la substitution poétique de « seraphim whose foot-falls » — « séraphins dont les pieds tombent » par « angels whose faint foot-falls, » — « anges dont les pieds tombent faiblement », dans la quatorzième strophe. Notre texte actuel, bien qu’il soit en substance celui de 1845, est donc quelque peu modifié par la lecture ultérieure du poète et constitue, je pense, la version la plus correcte et la plus efficace de ce poème unique. Le changement le plus significatif par rapport à la première version est cependant apparu dans le volume de 1845 ; la onzième strophe ayant à l’origine contenu ces vers, la rime était défectueuse et portait ombrage au poème :

Pris à quelque malheureux maître
que l’impitoyable Désastre
Suivit de près et de très-près suivit
jusqu’à ce que ses chants comportassent
Un unique refrain ; jusqu’à ce que
les chansons funèbres de son Espérance
Comportassent le mélancolique refrain
de « Jamais — jamais plus. »
Le Corbeau, Edgar A. Poe
(trad. Stéphane Mallarmé)

It would be well if other, and famous, poets could be as sure of making their changes always improvements. Poe constantly rehandled his scanty show of verse, and usually bettered it. The Raven was the first of the few poems which he nearly brought to completion before printing. It may be that those who care for poetry lost little by his death. Fluent in prose, he never wrote verse for the sake of making a poem. When a refrain or image haunted him, the lyric that resulted was the inspiration, as he himself said, of a passion, not of a purpose. This was at intervals so rare as almost to justify the Fairfield theory that each was the product of a nervous crisis.

Ce serait bien que d’autres poètes célèbres soient aussi sûrs de toujours apporter des améliorations lors de leurs changements. Poe a constamment remanié son petit programme en vers, et l’a en général amélioré. Le Corbeau est le premier des quelques poèmes qu’il a presque achevé avant de les imprimer. Il se peut que ceux qui s’intéressent à la poésie aient peu perdu à sa mort. Maîtrisant la prose, il n’a jamais écrit de vers dans le seul but d’en faire un poème. Lorsqu’un refrain ou une image le hantait, le texte qui en résultait découlait de l’inspiration du moment, comme il le disait lui-même, d’une passion et non d’un but. Cela se produisait à des intervalles si grands qu’ils justifiaient presque la théorie de Fairfield selon laquelle chacun était le produit d’une crise nerveuse.

What, then, gave the poet his clue to The Raven ? From what misty foundation did it rise slowly to a music slowly breathed ? As usual, more than one thing went to the building of so notable a poem. Considering the longer sermons often preached on brief and less suggestive texts, I hope not to be blamed for this discussion of a single lyric, — especially one which an artist like Doré has made the subject of prodigal illustration. Until recently I had supposed that this piece, and a few which its author composed after its appearance, were exceptional in not having grown from germs in his boyish verse. But Mr. Fearing Gill has shown me some unpublished stanzas by Poe, written in his eighteenth year, and entited “The Demon of the Fire.” The manuscript appears to be in the poet’s early handwriting, and its genuineness is vouched for by the family in whose possession it has remained for half a century. Besides the plainest germs of “The Bells” and “The Haunted Palace” it contains a few lines somewhat suggestive of the opening and close of The Raven. As to the rhythm of our poem, a comparison of dates indicates that this was influenced by the rhythm of “Lady Geraldine's Courtship.” Poe was one of the first to honor Miss Barrett’s genius; he inscribed his collected poems to her as “the noblest of her sex,” and was in

Qu’est-ce qui a donc donné au poète l’idée de l’œuvre « Le Corbeau » ? De quelle fondation brumeuse en est-il lentement arrivé à une musique doucement respirée ? Comme d’habitude, plus d’une chose a contribué à la construction d’un poème aussi remarquable. Compte tenu des longs sermons souvent prêchés sur des textes brefs et moins suggestifs, j’espère ne pas être blâmé pour cette discussion sur un seul texte, — surtout celui dont un artiste comme Doré a fait le sujet d’une illustration prodigieuse. Jusqu’à tout récemment, je pensais que cette pièce, et quelques-unes que son auteur a composées après son apparition, étaient exceptionnelles en ce qu’elles n’étaient pas inspirées des germes de ses poésies de jeunesse. Mais M. Fearing Gill m’a montré quelques strophes inédites de Poe, écrites dans sa dix-huitième année, et intitulées « Le démon du feu ». Le manuscrit semble avoir été écrit de la main du poète, et son authenticité est attestée par la famille en possession de laquelle il est resté pendant un demi-siècle. Outre les fondements les plus simples de « Les Cloches » et « Le Palais Hanté », il contient quelques lignes qui suggèrent quelque peu l’ouverture et la conclusion du poème Le Corbeau. Quant au rythme de notre poème, une comparaison des dates indique qu’il a été influencé par celui de « La cour de Lady Geraldine ». Poe a été l’un des premiers à honorer le génie de Miss Barrett ; il lui a dédié sa collection de poèmes en tant que « la plus noble de son sexe », et était