Page:Poe - The Raven, 1883.djvu/12

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sympathy with her lyrical method. The lines from her love-poem,


“With a murmurous stir uncertain, in the air, the purple curtain
Swelleth in and swelleth out around her motionless pale
brows,”


found an echo in these:

“And the silken sad uncertain rustling of each purple curtain
Thrilled me — filled me with fantastic terrors never felt before.”

Here Poe assumed a privilege for which he roughly censured Longfellow, and which no one ever sought on his own premises without swift detection and chastisement. In melody and stanzaic form, we shall see that the two poems are not unlike, but in motive they are totally distinct. The generous poetess felt nothing but the true originality of the poet. “This vivid writing” ! she exclaimed — “this power which is felt !… Our great poet, Mr. Browning, author of `Paracelsus’, &c., is enthusiastic in his admiration of the rhythm.” Mr. Ingram, after referring to “Lady Geraldine”, cleverly points out another source from which Poe may have caught an impulse. In 1843, Albert Pike, the half-Greek, half-frontiersman, poet of Arkansas, had printed in “The New Mirror,” for which Poe then was writing, some verses entitled “Isadore”, but since revised by the author and called “The Widowed Heart.” I select from Mr. Pike’s revision the following stanza, of which the main features correspond with the original version:

“Restless I pace our lonely rooms, I play our songs no more,
The garish sun shines flauntingly upon the unswept floor ;
The mocking-bird still sits and sings, O melancholy strain !
For my heart is like an autumn-cloud that overflows with rain ;
Thou art lost to me forever, Isadore”!

en harmonie avec sa trame lyrique. Les vers tirés de son poème d’amour,

« Avec un murmure incertain dans l’air, le rideau violet
Elle se gonfle et se dégonfle autour
de ses sourcils pâles et immobiles ».


a trouvé un écho dans ceux-ci :

« Et le triste bruissement incertain
de chaque rideau de soie violette
J’ai été ravi — rempli de terreurs fantastiques
jamais ressenties auparavant ».

Ici, Poe s’est permis de grossièrement censurer Longfellow, ce que personne n’avait jamais osé entreprendre sans être rapidement détecté et châtié. Dans la mélodie et la strophe, nous verrons que les deux poèmes ne sont pas différents, mais dans le motif, ils sont totalement distincts. La généreuse poétesse n’a rien d’autre à offrir que la véritable originalité du poète. « Cette écriture vivante », s’exclame-t-elle, « cette puissance qui se ressent… Notre grand poète. M. Browning, auteur de « Paracelsus », &c., est passionné par le rythme. » M. Ingram, après avoir fait référence à « Lady Geraldine », indique habilement une autre source dont Poe a pu tirer une inspiration. En 1843, Albert Pike, le poète de l’Arkansas, mi-grec, mi-frontalier, avait fait imprimer dans « The New Mirror », pour lequel Poe écrivait alors, quelques vers intitulés « Isadore ». Ces vers furent depuis lors révisés par l’auteur et intitulés « The Widowed Heart ». Je retiens de la révision de M. Pike la strophe suivante, dont les principales caractéristiques correspondent à la version originale :

« Agité, j’arpente nos chambres solitaires.
Je ne joue plus nos chansons.
Le soleil tape fort sur le sol poussiéreux,
L’oiseau moqueur est toujours assis et chante.
Ô souche mélancolique !
Car mon cœur est comme un nuage
d’automne qui déborde de pluie
Tu es perdu pour moi à jamais. Isadore ! »

Here we have a prolonged measure, a similarity of refrain, and the introduction of a bird whose song enhances sorrow. There are other trails which may be followed by the curious ; notably, a passage which Mr. Ingram selects from Poe’s final review of “Barnaby Rudge”:


“The raven, too, * * * might have been made, more than we now see it, a portion of the conception of the fantastic Barnaby. * * * Its character might have performed, in regard to that of the idiot, much the same part as does, in music, the accompaniment in respect to the air.”

Nevertheless, after pointing out these germs and resemblances, the value of this poem still is found in its originality. The progressive music, the scenic detail and contrasted light and shade, — above all, the spiritual passion of the nocturn, make it the work of an informing genius. As for the gruesome bird, he is unlike all other ravens of his clan, from the “twa corbies” and “three ravens” of the balladists to Barnaby’s rumpled “Grip.” Here is no semblance of the cawing rook that haunts ancestral turrets and treads the field of heraldry; no boding phantom of which Tickell sang that, when,

“shrieking at her window thrice,
The raven flap’d his wing,
Too well the love-lorn maiden knew
The solemn boding sound.”

Nous avons ici une mesure prolongée, une similitude de refrain, et l’introduction d’un oiseau dont le chant accentue la tristesse. Il y a d’autres pistes qui peuvent être suivies par les curieux ; notamment, un passage que M. Ingram sélectionne dans la dernière critique de Poe de « Barnaby Rudge » :


« Le corbeau, lui aussi, * * * pourrait aller plus loin, plus que monsieur ne le perçoit aujourd’hui, dans la conception du fantastique Barnaby * * * Son caractère pourrait avoir occupé, par rapport à celui de l’idiot, le même rôle que l’accompagnement musical en regard de la mélodie. »

Néanmoins, après avoir mis en évidence ces sources et ces ressemblances, la valeur de ce poème tient encore dans son originalité. La musique progressive, le détail scénique et le contraste entre la lumière et l’ombre, et surtout la passion spirituelle de la nuit, en font l’œuvre d’un génie de l’information. Quant à l’horrible oiseau, il est différent de tous les autres corbeaux de son clan, des « twa corbies » et « trois corbeaux » des baladistes au « Grip » froissé de Barnaby. Ici, il n’y a aucune allusion à la tour de garde qui hante les tourelles ancestrales et foule le champ de l’héraldique ; aucun fantôme imaginaire dont a chanté Tickell, quand,

« criant à sa fenêtre trois fois.
Le corbeau lui a retourné l’aile.
Trop bien, la jeune fille amoureuse connaissait
Le son solennel de l’âme. »

Poe’s raven is a distinct conception; the incarnation of a mourner’s agony and hopelessness; a sable embodied Memory, the abiding chronicler of doom, a type of the Irreparable. Escaped across the Styx, from “the Night’s Plutonian shore”, he seems the imaged soul of the questioner himself, — of him who can not,will not, quaff the kind nepenthe, because the memory of Lenore is all that is left him, and with the surcease of his sorrow even that would be put aside.

The Raven also may be taken as a representative poem of its author, for its exemplification of all his notions of what a poem should be. These are found in his essays on “The Poetic Principle”, “The Rationale of Vers”, and “The Philosophy of Composition”. Poe declared that “in Music, perhaps, the soul most nearly attains the great end for which, when inspired by the Poetic Sentiment, it struggles — the creation of supernal Beauty… Verse cannot be better designated than as an inferior or less capable music” ; but again, verse which is really the “Poetry of Words” is “The Rhythmical Creation of Beauty”, — this and nothing more. The tone of the highest Beauty is one of Sadness. The most melancholy of topics is Death. This must be allied to Beauty. “The death, then, of a beautiful woman is, unquestionably, the most poetical topic in the world, — and equally is it beyond doubt that the lips best suited for such a topic are those of a bereaved lover”. These last expressions are quoted from Poe’s whimsical analysis of this very poem, but they indicate precisely the general range of his verse. The climax of “The Bells” is the muffled monotone of ghouls, who glory in weighing down the human heart. “Lenore”, The Raven, “The Sleeper”, “To One in Paradise” and “Ulalume” form a tenebrose symphony, — and “Annabel Lee”, written last of all, shows that one theme possessed him to the end. Again, these are all nothing if not musical, and some are touched with that quality of the Fantastic which awakes the sense of awe, and adds a new fear to agony itself. Through all is dimly outlined, beneath a shadowy pall, the poet’s ideal love, — so often half-portrayed elsewhere, — the entombed wife of Usher, the Lady Ligeia, in

Le corbeau de Poe est d’une conception distincte ; l’incarnation de l’agonie et du désespoir d’un endeuillé ; du sable incarnant la Mémoire, le chroniqueur permanent du malheur, une sorte d’Irréparable. Échappé au travers du Styx, de la « rive plutonienne de la nuit », il semble être l’âme imaginaire du questionneur lui-même — de celui qui ne peut pas, ne veut pas, étouffer le gentil népenthès, car le souvenir de Lenore est tout ce qui lui reste, et avec le surcroît de douleur, même cela ne saurait être mis de côté.

Le Corbeau peut également être considéré comme un poème représentatif de son auteur, car il illustre sa conception de ce que doit être un poème. On la trouve dans ses essais sur « Du Principe Poétique », « Le Fondement de la Métrique » et « La Philosophie de la Composition ». Poe a déclaré que « dans la musique, l’âme se rapproche peut-être le plus de la grande fin pour laquelle, elle lutte lorsqu’elle est inspirée par le Sentiment poétique, — la création de la Beauté céleste  Le vers ne peut être mieux comparé qu’à une musique inférieure ou moins capable" ; mais là encore, le vers qui est vraiment la "Poésie des mots" est "La création rythmique de la Beauté", " — ceci et rien de plus. Le "ton" de la plus haute Beauté est celui de la Tristesse. Le plus mélancolique des sujets est la Mort. Celle-ci doit être alliée à la Beauté. "La mort d’une belle femme est donc, sans aucun doute, le sujet le plus poétique du monde, et il ne fait aucun doute non plus que les lèvres les mieux adaptées à un tel sujet sont celles d’un amant en deuil. Ces dernières expressions sont tirées de l’analyse fantaisiste de Poe sur ces mêmes vers, mais elles indiquent précisément la portée générale de sa poésie. Le point culminant de « Les Cloches » est le monotone feutré des goules, qui se glorifient d’alourdir le cœur humain. « Lenore », « Le Corbeau », « La Dormeuse », « À quelqu’un du Paradis » et « Ulalume » forment une symphonie de dix roses, et « Annabel Lee », écrit en dernier, montre qu’un thème l’a possédée jusqu’à la fin. Encore une fois, tout cela n’est rien d’autre que de la musique, et certains sont touchés par cette qualité du Fantastique qui réveille le sentiment d’émerveillement et ajoute une nouvelle peur à l’agonie elle-même. Dans tout cela, sous un voile d’ombre, l’amour idéal du poète — souvent à moitié dépeint ailleurs, — l’épouse enterrée de Usher, la Dame Ligelia, en