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LA VICTOIRE

sation nouvelle. On procédera du reste tout de suite à l’arrestation. Cela dépasse vraiment tout ce que je pouvais imaginer. En tout cas, c’est fini de lui. Et les deux millions du coffre-fort ! Est-ce la précaution pour la fuite, ou la réserve pour le crime ?

— C’est peut-être simplement une fraude envers le fisc. Il serait curieux de savoir ce qu’il avait déclaré à l’impôt sur le revenu.

— C’est vrai, je n’y avais pas pensé ! Et vous ? que deveniez-vous dans tout cela ? Vous étiez sans doute supprimé d’avance ou porté sur la liste de proscription.

— N’en doutez pas. — Mais c’est d’autre chose que je voulais vous parler. J’ai lu le protocole de Rapallo. Lloyd George se trompe lorsqu’il prétend que le Comité interallié peut se réunir ailleurs qu’à Versailles. Ce ne peut être fait qu’exceptionnellement, après la décision du Comité. Je tiendrai donc bon sur le principe. Mais sans avoir à Londres une réunion du Comité, j’ai envie d’y aller voir Lloyd George, pour traiter avec lui quelques questions urgentes. Cela m’ennuie beaucoup de traverser la mer, mais je pourrai partir samedi avec Clémentel et Loucheur ; je me reposerai dimanche à Londres et je verrai Lloyd George ; je serai de retour lundi prochain. Je voulais avoir votre avis. Qu’en dites-vous ?

— Vous ferez bien. Vos prédécesseurs sont tous allés à Londres. On vous saura gré de votre démarche et votre autorité obtiendra sans doute sur place plus que par correspondance.

— J’ai vu Robertson aujourd’hui. Il m’a plu. C’est un bon gendarme. Il est venu pour s’entretenir avec Pershing de l’armée américaine. J’ai vu également Pershing ; il m’a dit que son idée était celle-ci : instruction dans l’armée française, puis endivisionnement pour le combat dans l’armée