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ARRIVÉE DES DIVISIONS ITALIENNES

blessure que je n’ai pas pu complètement panser. »

Clemenceau me parle de nouveau de l’arrivée des divisions italiennes. Il veut les engager tout de suite. Je renouvelle mes objections : 1o propagande italienne déjà commencée aux États-Unis : l’Italie sauve la France ; 2o elle sera très exigeante si elle est attaquée ; 3o l’Italie demande des troupes américaines ; 4o ce sera, surtout après l’affaire Sixte, une occasion pour l’Autriche d’envoyer des hommes sur notre front. Pichon prétend qu’il y en a déjà ; je lui répète que c’est inexact, qu’un communiqué fait au ministère et au grand quartier général l’avait annoncé, mais inexactement. Il n’y a jusqu’ici que des batteries autrichiennes sur notre front, et pas d’infanterie. Mais je ne convaincs ni Clemenceau ni, bien entendu, son fidèle disciple Pichon.


Le général Girardin, qui quitte le comité de Versailles pour prendre un commandement d’armée en Italie et qui est remplacé par le général de Robilant, me fait une visite d’adieu.

Aulard vient me parler avec amertume des insinuations de Clemenceau. Il craint qu’elles ne nous enlèvent la confiance des gouvernements alliés. Il me laisse, d’ailleurs, supposer qu’il est dans le jeu de Briand contre Clemenceau, car il fait un grand éloge de Briand, et il croit à la possibilité de négociations avec le baron de Lancken. Je tâche de le détromper sur ce point.

Maurice Barrès, préoccupé de l’insuffisance de nos effectifs, me paraît un peu pessimiste. Il donne tort à Clemenceau dans la publication des documents autrichiens.


Vendredi 19 avril.

Dans la matinée, visite amicale de Barthou. MM. Durocq, Plouvier, avocat à Douai, et autres