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LA VICTOIRE

représentants du Nord, président et membres du Comité pour la reconstruction de ce département, me demandent mon patronage ; naturellement je le leur donne.

Le comte d’Alsace est attristé d’être rayé des cadres à cause de son âge, que, du reste, il ne porte pas.

Steeg me dit : « Voyez-vous, il nous faut la victoire. Le pays a compté sur elle. Si nous ne l’avons pas, ce sera la réaction, les troubles, la révolution. »

Clemenceau, qui est allé avec Pichon devant les commissions sénatoriales, me rapporte que tout s’y est très bien passé ; il repart demain pour le front anglais.


Samedi 20 avril.

Lapauze vient me dire que Sembat lui a confié que j’avais sauvé Paris et la France le 24 et le 25 mars à Doullens ; il voudrait être renseigné. Je lui réponds qu’à Doullens j’ai agi d’accord avec Clemenceau et rien de plus, mais que je suis très touché du bon procédé de Sembat et de celui de Lapauze.

Paléologue m’apprend que d’après le général Tabouis, qui revient de Russie, l’anarchie devient tous les jours plus grande dans ce pays ; on tue, on massacre, on pille, on incendie partout ; les officiers cassés sont devenus les ordonnances de leurs subalternes promus eux-mêmes officiers. On a ainsi installé des milliers d’officiers. Le fils de Rodzianko, mis à nu, a été éventré ; tout est à l’avenant.

Paléologue reproche à Ribot de n’avoir pas cru à l’affaire de Sixte et de n’avoir pas essayé de convaincre l’Italie. Il reproche à Clemenceau d’avoir divulgué les documents. Il trouve que la publication fait beaucoup de tort au ministère