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LA VICTOIRE

aurait dans son coffre-fort un projet de concordat entre le Vatican et moi.


Mercredi 16 janvier.

Le journal la Vérité raconte qu’au moment de l’élection présidentielle, j’avais pris envers le comte de Mun et Piou, l’engagement de renouer des relations avec le Vatican. La même feuille ajoute que j’ai fait engager des pourparlers avec Rome par Stephen Pichon. Est-ce une campagne qui commence avec l’autorisation de la censure ?

Les autres journaux du soir reproduisent un article du Giornale d’Italia, indiquant que les premières personnes qui, dans le plan de Caillaux, devaient être arrêtées, c’était moi d’abord et ensuite… Briand !


Jeudi 17 janvier.

Les journaux publient, d’après les télégrammes d’Amérique, les dépêches de Luxbourg et de Bemsdorf.

Vers midi, Clemenceau arrive à mon cabinet. « Vous savez, me dit-il, que décidément je ne vais plus en Angleterre. Lloyd George vient la semaine prochaine pour le Comité interallié. J’ai donc fait ma politesse, et je n’ai pas les ennuis du voyage. »

Clemenceau raconte ensuite, avec une belle, trop belle confiance qu’il compte avoir deux cent mille soldats éthiopiens en faisant quelques concessions à l’Italie. Je songe tout de suite à Djibouti et fais objection. « Tenez-vous donc beaucoup à Djibouti ? » me demande Clemenceau. Je lui réponds : « Je ne suis pas d’avis de céder à nos alliés quoi que ce soit de notre territoire ou de nos possessions ; ce serait un précédent bien dangereux. »

— Soyez tranquille, me réplique-t-il. Je ne cé-