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LES PAPIERS DE FLORENCE

derai pas de territoire, mais je crois que j’aurai mes 200 000 hommes. »

Le soir, seul dans mon cabinet, je suis assailli par le souvenir d’un autre 17 janvier, celui d’il y a cinq ans, celui du jour où j’ai été élu, bien avant que personne pût s’attendre à la guerre, et je me rappelle les violentes émotions que j’ai dû comprimer depuis lors.


Vendredi 18 janvier.

Renaudel, de plus en plus suggestionné par Caillaux, écrit dans l’Humanité que j’étais l’ami de Bolo ! Je prie Albert Thomas de venir me voir. Ayant compris que je voulais lui parler de cette sotte calomnie de son collègue socialiste, il avait déjà spontanément abordé Renaudel à la Chambre et l’avait trouvé très monté, sincèrement convaincu que j’étais l’ami de Bolo et que je lui avais donné une mission en Espagne. Toute une fable colportée par Caillaux au profit de son ami Bolo. Thomas n’a pas réussi à détromper Renaudel. Il espère, dit-il, me l’amener ces jours-ci. Renaudel lui a dit : « Poincaré s’est identifié avec Clemenceau, ils tomberont ensemble. »


Dimanche 20 janvier.

Ignace vient me donner quelques renseignements sur les papiers de Florence.

Il semble à première vue que les valeurs n’atteignent ni deux millions, ni même un million. On les fera évaluer. Les paiements indiqués comme faits à Almeyreda sont antérieurs à la guerre. Il y a une correspondance avec Lipchner, ce Hongrois qui a accusé Calmette, mais l’avocat général Mornet n’en connaît pas encore la portée. Il y a aussi un travail écrit par Caillaux pour essayer de démontrer que je suis responsable de la guerre et que je n’ai écrit au roi d’Angleterre, en