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LA DÉFENSE DU CAMP RETRANCHÉ

Sergent, sous-secrétaire d’État aux Finances, envoyé par Klotz, m’expose les mesures qui sont en voie d’exécution pour l’évacuation des titres et des dépôts des grands établissements de crédit, des bons de la défense nationale, de la monnaie, etc. Je lui demande instamment de n’expliquer ces mesures que par les menaces d’avions et de bombardements à longue portée.

D’après le commandant Challe, le général Pétain croit que les attaques de l’armée du kronprinz vont se ralentir, mais il s’attend à des attaques très prochaines au sud de Montdidier. De ce côté, nos lignes sont convenablement garnies, mais nous n’avons plus au sud de Montdidier que deux divisions de réserve. Challe affirme que Pétain considère le raccourcissement du front comme une nécessité prochaine.

Ma correspondance est redevenue très volumineuse : signe de l’inquiétude générale.


Jeudi 6 juin.

Comité de guerre. Bien que la question de la défense de Paris ait été portée à l’ordre du jour, aucune délibération n’a lieu sur ce point, aucune mesure n’est prise et toute la séance est consacrée à de rapides exposés faits par les ministres sur les précautions prises dans leurs départements respectifs. Clemenceau ne souffle pas mot de la situation militaire.

La séance ouverte, Clemenceau me prie de donner la parole à Jeanneney. Celui-ci explique comment Clemenceau a eu l’idée de créer un organisme de défense du camp retranché et comment on a jugé bon de prendre déjà un certain nombre de mesures pour évacuer les richesses d’art, les titres, les valeurs, etc. Ce sont, dit-il, les deux questions à traiter. Tout cela limite immédiatement le débat à des points secondaires. Le comité projeté par