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CONSTITUTION DU COMITÉ DE DÉFENSE

dement possible avec le général Foch et le général Pétain.

Leygues et Klotz m’appuient tous deux. Mais ni Loucheur, ni Lebrun, ni Pichon ne disent mot.

Clemenceau me répond qu’il est de mon avis, mais il faudrait d’abord, ajoute-t-il, qu’il vît Foch et Pétain et qu’il pût causer avec eux. Or, il ne veut pas les déranger pour cela et il a été retenu à Paris tous ces jours-ci. En outre, Lloyd George et lord Milner reviennent à Paris brusquement, parce qu’ils veulent, après délibération de leur gouvernement, remettre en discussion les décisions prises par le Conseil supérieur interallié au sujet de l’emploi des troupes américaines. Dans ces conditions, Clemenceau n’ose pas fixer une date, mais il promet qu’elle sera prochaine.

À la sortie, Lebrun me dit : « Comme vous avez raison ! Il est temps que nous délibérions ! Ils tremblent tous devant Clemenceau. »

Pichon n’a pas soufflé mot durant toute la séance. Il s’est borné à demander un crédit de dix millions pour acheter des journaux en Espagne.

Clemenceau m’envoie à la signature le décret constituant le comité de défense. Parmi les membres, il n’est plus question de Chéron. En revanche, Clemenceau a adjoint René Besnard.

D’après ce que me rapportent les officiers de liaison, l’avis de Pétain est qu’on défende Paris à plus de 45 kilomètres en avant.

Le commandant Challe me remet une carte du front, montrant que dans l’Est nos divisions tiennent chacune 21 kilomètres de front, sans rien derrière elles, aucune réserve ; les divisions anglaises n’ont en moyenne qu’un front de 3 kilomètres ou 3 kilomètres et demi.

Le général Archinard, qui dirige la constitu-