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LA VICTOIRE

tion de la division polonaise, vient m’entretenir de la prochaine cérémonie de la remise des drapeaux.

Émile Hinzelin vient me dire que le commandant Raynal qui a été fait prisonnier au fort de Vaux et qui, comme grand blessé, a été interné en Suisse, serait en mesure, s’il rentrait en France, de donner des renseignements utiles et de rendre des services. Je signalerai ce renseignement au ministère des Affaires étrangères.


Vendredi 7 juin.

Foch, venu à Paris pour un rendez-vous avec les Anglais au ministère de la Guerre, passe à l’Élysée. Il reste avec moi une heure. Il est en très bonne forme, calme, lucide. D’après ce que m’ont dit les officiers de liaison, il a donné les directives suivantes : 1o défendre Paris ; 2o empêcher la coupure des armées franco-britanniques ; 3o défendre les forts. J’insiste avec approbation sur l’importance morale et politique de la défense de Paris, même contre le bombardement intensif, c’est-à-dire sur la nécessité de tenir l’ennemi à grande distance de la ville. « Je suis, me répond-il, entièrement de votre avis ; je crois qu’on peut et qu’on doit arrêter l’ennemi sur les lignes actuelles ou à peu près. Ce n’est pas le moment de rechercher ce qui s’est passé sur l’Aisne. Mais il y a eu certainement des fautes commises. Il est notamment incroyable que les ponts n’aient pas été coupés. Si l’on veut utiliser tous les moyens qu’on a, on doit tenir. J’ai donné les ordres les plus formels en conséquence. Je me suis rapproché de Pétain pour lui faire mieux comprendre ma pensée. Je lui envoie Weygand pour travailler au besoin avec lui. Pétain a besoin d’être soutenu et encouragé. Je prends toutes les responsabilités et je le lui dis. Il aurait été d’avis de raccourcir le front.