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REMISE DES DRAPEAUX POLONAIS

écarlate. La cérémonie est très imposante. Est-ce vraiment ici la résurrection d’un peuple ? Nous passons ensuite devant le front des troupes, Pichon, le général Gouraud et moi. Marseillaise, hymne national polonais. Puis remise des drapeaux et discours de M. Roman Dukowski, président du comité polonais, et de moi[1]. Beaucoup de Polonais présents ont les larmes aux yeux.

Nous allons ensuite en auto jusqu’à Brienne-le-Château. La petite ville est gentiment pavoisée et les habitants me font fête. Déjeuner froid à l’hôtel de ville, une soixantaine de couverts. Sur la place, la statue de Napoléon adolescent, élève de l’École de Brienne.

Après déjeuner, visite aux hôpitaux. Je traverse la cité à pied, escorté d’une nuée d’enfants, parmi lesquels beaucoup de petits réfugiés des Ardennes. À deux heures, je reprends le train à Brienne pour être à Paris à sept heures du soir.


Lundi 24 juin.

Anniversaire de la mort du président Carnot. À dix heures du matin, je me rends au Panthéon et je porte des fleurs sur la tombe.

J’éprouve encore une douloureuse émotion à me rappeler la nuit que j’ai passée en faisant sous le ministère Charles Dupuy l’intérim de l’Intérieur, et en attendant, heure par heure, des nouvelles télélégraphiques de Lyon. Ce brave et cher Sadi Carnot ! J’ai été plusieurs fois son ministre, et si je remplis sans trop d’erreurs mes fonctions présidentielles, c’est que je me suis instruit à son école ! Pour l’avant-dernière fois, j’accomplis ce pieux pèlerinage ; dans deux ans, mon successeur viendra à son tour.

En rentrant à l’Élysée, je trouve Tardieu, qui

  1. V. Messages et discours, t. I, p. 239 (Bloud et Gay, éditeurs).