Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
LA VICTOIRE

a des difficultés à recruter du personnel pour ses services à Paris. Il me dit qu’il a déconseillé à Clemenceau d’envoyer Micheler en Amérique. Il est maintenant question de lui donner une mission au Japon. Mais Dubost ne veut pas plus entendre parler du Japon que de l’Amérique.

Le général Jullian, nommé attaché militaire en Italie, me rend visite. Il revient de Nancy où il a été en admiration devant les Américains.

Avec Loucheur et Dumesnil, je vais à Villacoublay, où nous voyons nos premiers grands avions de bombardement, les Farman 50, les Caudron, qui font leurs premiers vols devant nous. Ils sortiront en série à partir de juillet, mais encore peu nombreux.


Mardi 25 juin.

Conseil des ministres. Clemenceau, volontairement vague, comme toujours, explique qu’il est allé voir Foch. « Je lui ai dit, raconte-t-il, qu’il était trop orienté vers le Nord. Il m’a répondu : « Je commence à me désorienter. » Je crois, en effet, qu’il ferait bien de veiller un peu sur Compiègne, sur Château-Thierry et sur la Champagne. Puis je lui ai conseillé de prendre Pétain par le bras et d’aller un peu voir de tout près les divisions de l’armée française. Je pense qu’il va le faire aujourd’hui. J’irai moi-même, demain ou après-demain, derrière lui, me rendre compte. » Clemenceau me fait ensuite signer un décret destiné à faire rentrer Paris dans la zone des armées. Mais ici encore, on reste dans l’à peu près ; car le gouverneur militaire, au lieu d’être subordonné au commandant en chef, relève du ministre de la Guerre, et ainsi l’arbitrage que s’attribue Clemenceau aura un emploi supplémentaire.

Clemenceau parle enfin au Conseil de la bataille de l’Aisne : « Je poursuis, dit-il, de nouveau une