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LA REVUE DES TROUPES TCHÈQUES

excellentes. Les états-majors seuls et les généraux sont inexpérimentés ; mais ils sont intelligents et se formeront. »

Trajet en automobile jusqu’au terrain où doit être passée la revue des troupes tchèques. Le village de Darney est tout pavoisé et la population, très empressée, s’est portée sur la route que nous suivons. Aux accents de la Marseillaise, je passe devant les troupes, quatre ou cinq mille soldats de fière allure.

M. Benès prononce un beau discours, où il me remercie avec une extrême cordialité. « Lorsque la catastrophe mondiale a éclaté, dit-il, la France martyre et envahie est immédiatement devenue la conscience du monde, l’expression du droit et de la justice, l’incarnation de toutes les valeurs morales que le monde connaît. »

Je parle à mon tour[1] et je remets le drapeau au colonel Philippe, qui le passe au porte-drapeau.

Puis, prestation du serment, lue par un officier. Tous les soldats tiennent le fusil reposé de la main gauche et lèvent la droite : spectacle très imposant.

Pendant que les troupes se forment pour le défilé, un certain nombre de soldats, groupés devant nous, entonnent des chœurs et des chants nationaux militaires.

Défilé en bon ordre, puis visite aux cantonnements. Cette fois-ci encore, n’est-ce pas la résurrection d’un peuple ?

Retour à la gare de Darney. Déjeuner dans le train. Sainsère téléphone que Mandel l’a prié de me faire savoir que tout est arrangé entre Foch et Pétain.

Longue conversation seul à seul sur le quai avec

  1. V. Messages et discours, t. I, p. 245 (Bloud et Gay, éditeurs).