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LES EFFECTIFS ANGLAIS

être général en chef. C’est impossible. J’ai essayé de le calmer.

— Moi aussi, l’autre soir.

— Pétain a, d’ailleurs, été très bien. Il lui avait écrit pour lui redemander une division et il avait recommandé qu’elle ne fût pas engagée. Mangin l’a engagée et elle a pris Oulchy-le-Château. Au lieu de persister dans son ordre et de blâmer Mangin, Pétain lui a laissé la division. Voyons, j’ai encore autre chose à vous dire. Ah ! les Anglais. Eux aussi, sont insupportables. J’ai vu lord Derby et je lui ai dit : « Écoutez ; je ne peux admettre que Lloyd George me parle comme il l’a fait à Versailles. » Derby m’a répondu : « Balfour est de votre avis et il m’a même déclaré qu’il vous avait trouvé très modéré. » J’ai également annoncé à lord Derby que j’allais répondre à Lloyd George au sujet des effectifs. J’ai vu le travail du colonel Roure. Je ne l’envoie pas à Lloyd George officiellement, mais je le communique officieusement à Derby et je m’en inspire pour répondre à Lloyd George.

— Vous savez, dis-je, que les Anglais se plaignent un peu du ton sur lequel nous avons traité ces questions à Londres, et notamment des appréciations du colonel Roure. Mettez un peu d’huile.

— Ils ont tort de se plaindre. Ils cherchent un prétexte pour ne pas faire d’efforts. Ils voudraient réduire le nombre de leurs divisions, nous amener à en faire autant et laisser aux Américains le soin de continuer la guerre. C’est un peu aussi la tendance de la Chambre, qui nous demande, dans le rapport de Paté, le renvoi des vieilles classes, au moment où vous réclamez le recensement de la classe 20.

— Il serait très dangereux de nous affaiblir ainsi au moment des efforts suprêmes.

— Soyez tranquille. Je ne céderai pas plus à