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LA WOËVRE

et nous venons à Apremont. Le conseiller d’arrondissement, M. Daubert, que nous rencontrons, cherche vainement à retrouver, au milieu des ruines, l’emplacement de sa maison. Il avait rangé dans une cachette quelques objets précieux qu’il aurait voulu retrouver. Il n’y arrive pas. Mais, après notre départ, nous apprenons qu’il a fini par réussir.

D’Apremont, il ne reste que des pierres éparses, où les soldats puisent maintenant des matériaux pour la réfection des routes. Saint-Agnant, où se trouvaient nos premières lignes, est aussi presque totalement démoli. Quelques pierres du clocher tiennent encore par un prodige d’équilibre. Des cagnas ont été aménagées dans les caves. Çà et là des pommes de terre, des os, des chaises, toutes sortes de détritus et, au milieu de tout ce désordre, deux chats maigres, qui miaulent lamentablement. Nous nous arrêtons à Marbotte, dont le clocher est encore debout ; il se dresse seul au milieu des ruines. Je montre à ma femme le cimetière où je suis venu déjà saluer les morts du bois d’Ailly. Il s’est encore bien agrandi. Je lui montre aussi les cantonnements, aujourd’hui vides, de nos troupes, et le petit village nègre avec la fontaine d’eau fraîche. J’essaie vainement de retrouver, plus avant dans le bois, l’observatoire où je suis monté, le gros chêne camouflé qui a été détruit après ma visite.

Par Mecrin et Pont-sur-Meuse, nous revenons à Commercy pour reprendre notre train. Nous dînons et couchons dans notre wagon.


Dimanche 15 septembre.

Nous partons de Commercy à huit heures et demie du matin, après une nuit tranquille passée en gare. Lebrun dit cependant qu’il a entendu vers une heure un avion qu’il a reconnu, au bruit