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LETTRE DE CLEMENCEAU

Là-dessus, Clemenceau réplique par une nouvelle lettre :

« Monsieur le Président,

« Vous essayez d’expliquer votre lettre et vous ne la retirez pas ; je maintiens ma démission. »

Je lui réponds encore :

« Vous n’attendez pas de moi que j’accepte votre démission alors que je vous ai déjà écrit que je la considère comme néfaste pour le pays.

« Croyez à mes sentiments dévoués,

Poincaré.

« P.-S. — Je viens seulement d’apprendre le deuil qui vous frappe, Mme Yung et vous[1]. En vous écrivant ce matin, j’étais loin de me douter de ce malheur. Je vous prie de recevoir l’assurance de ma profonde sympathie. »

Clemenceau me répond :

« Monsieur le Président,

« Vous n’acceptez pas ma démission. Cela ne change rien au cas créé par vos deux lettres de ce matin. La situation de la France est telle que je serais coupable si je cherchais à obtenir de vous d’autres concessions que celles qui me sont imposées par le devoir d’une collaboration loyale. Cependant il m’est impossible de demeurer sous la double imputation contenue dans vos deux messages.

« J’allais partir pour le Conseil des ministres

  1. M. Yung était le gendre de Clemenceau.