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VOYAGE DANS LE NORD

de la Chambre de commerce et l’archiprêtre prononcent, à tour de rôle, des discours de bienvenue. Je remercie la municipalité et la population et je me rends ensuite avec Lebrun, Dubost et Deschanel à Tourcoing, où nous sommes accueillis avec le même empressement. À l’hôtel de ville de Tourcoing, l’adjoint exprime le regret que le docteur Dion, maire, enlevé et emprisonné par les Allemands, ne puisse me recevoir et assister à la fête de délivrance.

Je reviens ensuite à Lille, où j’ai prié les présidents des Chambres, les ministres, les sénateurs et députés, le général Birdwood, commandant de la 5e armée anglaise, de partager le déjeuner froid que j’avais fait apporter. À la fin du déjeuner, au début de l’après-midi, je quitte la ville. Avant mon départ, William Martin et Lebrun me disent que si je partais sans laisser la décoration à Delesalle, la déception serait profonde. Je consulte le préfet qui, après avoir un instant hésité, dit qu’il vaut mieux la donner et me remet à cet effet sa propre croix. Je la confère au maire, en ajoutant que je reviendrai pour donner d’autres témoignages de reconnaissance à d’autres personnes, mais que je ne veux pas quitter Lille sans honorer en M. Delesalle la ville elle-même. Mais craignant un peu le mécontentement de Clemenceau contre cet « acte de pouvoir personnel », je prie Lebrun et Loucheur de me couvrir auprès de lui et ils me le promettent.

Je quitte Lille et je pars pour La Bassée et pour Lens, où je contemple avec tristesse les lamentables effets d’une dévastation systématique. Ensuite, arrêt à Douai, où je suis reçu par S. A. le prince de Galles et le général Horne, commandant de la 1re armée britannique. Les Allemands, après avoir expulsé les habitants, ont pillé la ville de fond en comble. Nous revenons enfin à Arras, où