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LA VICTOIRE

— Alors, qui contrôlera ?

— On pourra occuper, s’il le faut.

— Est-ce convenu ?

— Est-ce convenu ? insiste Pichon.

— Non, avoue Clemenceau, pas jusqu’ici. »

Clemenceau me rapporte que le colonel House lui a annoncé la prochaine visite du président Wilson. Il viendrait en France pour les préliminaires de paix. « Vous iriez au-devant de lui, » ajoute Clemenceau, et il paraît enchanté à l’idée de siéger avec Wilson. Il semble désirer que la réunion ait lieu à Versailles.

« Les Anglais ont parlé de Genève. J’ai dit à Balfour : « Que penseriez-vous de la galerie des Glaces ? » Comme les préliminaires de paix seront examinés au Comité de Versailles, si Wilson y vient, le reste suivra naturellement. »

Après quoi, Clemenceau s’en va avec Pichon et fait à Sainsère, en traversant son cabinet, une plaisanterie sur Suzanne et les vieillards.

Dans la soirée, Leygues me donne connaissance des conditions d’armistice préparées par le Conseil naval interallié. Elles sont, toutes choses égales, beaucoup plus dures que les conditions terrestres. L’Angleterre y a passé !

Jeudi 31 octobre.

Clemenceau me téléphone au commencement de l’après-midi : « Ce matin, on s’est mis d’accord pour l’armistice avec l’Autriche. On achèvera cet après-midi à Versailles ; il faut que cela parte ce soir.

— Moi : Il y a bien le droit de passage ?

— Oh ! là là ! Vous pouvez être tranquille ! D’autre part, nous avons reçu la nouvelle que l’armistice avec les Turcs est signé et en voie d’exécution.

— Quelles conditions ?