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LA VICTOIRE

constituerait l’État yougoslave que lorsque l’armistice austro-hongrois aurait été exécuté. Il m’en a prévenu. Tout aurait été bien si, sur les entrefaites, les Italiens n’avaient mis la main sur la flotte yougoslave et n’étaient descendus à Fiume. Sur le premier point, Clemenceau a immédiatement télégraphié lui-même à Orlando dans les termes les plus vifs et il a, en même temps, télégraphié aux Yougoslaves qu’il protestait auprès du gouvernement italien. »

Challe m’apprend que le radio allemand annonce l’envoi de parlementaires allemands au maréchal Foch. Le colonel Winterfeld, ancien attaché militaire à Paris, serait du nombre.

Ayant appris par les messages téléphonés la libération de Nouvion, j’ai envoyé un mot de félicitations à Lavisse par égard pour sa ville de prédilection.

Le maréchal Foch vient me demander si je suis bien, comme lui, d’avis qu’il faut être intransigeant sur les questions territoriales d’armistice. Je lui réponds de la façon la plus affirmative, mais il ne me précise pas ce qu’il entend par les conditions territoriales. Il se plaint des improvisations et des à-coups auxquels est en butte la direction gouvernementale. Il me dit qu’il va proposer à Clemenceau le plan suivant :

Le général Franchet d’Esperey resterait en Serbie et en Bulgarie pour y maintenir l’ordre et y représenter la France. Il donnerait au général Berthelot des forces à déterminer et Berthelot, avec ces forces, se chargerait des affaires roumaines et de l’occupation de la Hongrie. Il formerait un troisième groupe d’armées composé de trois armées, une italienne, l’autre sous le commandement du général anglais d’Italie, la troisième sous le commandement d’un autre général, pour marcher sur