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LA VICTOIRE

séparation, entièrement opposé à cette démarche et que, si je me séparais de lui, il ne manquerait pas de se faire interpeller pour me désavouer. Deschanel m’a répondu qu’il ne pouvait lui-même se distinguer de nous, mais qu’il jugeait mesquine la décision du gouvernement. Nous avons alors convenu que nos deux femmes assisteraient au Te Deum avec les dames du corps diplomatique. J’ai prié Sainsère d’en informer le cardinal qui en a été très satisfait, tout en persistant à ne pas s’expliquer notre absence. Il a ajouté qu’il était trop enrhumé pour venir demain à la fête de la place de la Concorde. Il paraît qu’il est effectivement très enroué.

Dimanche 17 novembre.

Dans la matinée, ayant reçu une convocation de l’Académie pour mardi, j’ai écrit à Étienne Lamy pour demander quel serait l’objet de la séance et pour dire que s’il s’agissait de l’élection de Clemenceau ou de celle de Foch, je serais heureux d’être présent. J’ai ajouté que si les traditions de l’Académie ne s’y opposaient pas, je revendiquerais l’honneur de recevoir Clemenceau et Foch.

Lamy est arrivé à l’Élysée vers onze heures et demie. Il m’a raconté que Capus a déterminé Clemenceau à accepter d’être élu, mais que Clemenceau refuse d’écrire la lettre traditionnelle de candidature. On a tourné la difficulté en priant Capus de l’écrire lui-même. Capus a vu Clemenceau, qui a accepté l’offre. Lamy est désolé de cette rupture de traditions. Je lui promets d’intervenir auprès de Clemenceau.

L’après-midi, à deux heures, fête organisée — ou désorganisée — par la Ligue de l’Enseignement et d’autres grandes associations. Il s’agit d’un immense défilé qui doit avoir lieu le long des