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LA VICTOIRE

pu me consulter. Il importe peu qu’on en fasse voir de grises au président de la République, mais ce qui est plus grave, c’est qu’on peut désobliger le roi des Belges.

Une heure après, Jeanneney vient me soumettre un nouveau programme. Foch trouve impossible d’avoir une réception officielle dès le 24. L’entrée des premiers éléments militaires est avancée ; ils pénétreront dans la ville le 22. Il faut retarder le voyage de quelques jours. Maintenant Clemenceau propose : réception du roi d’Angleterre 28, 29 et 30. Voyage Clemenceau en Angleterre du 1er au 4 décembre. Roi des Belges 5 et 6. Départ pour l’Alsace le 7 et voyage à Strasbourg 8, 9 et 10 décembre. Wilson à Paris le 12 décembre.

Pendant toutes ces fêtes, les Allemands équivoqueront et demanderont des atténuations à l’armistice. Jeanneney promet que leurs demandes seront repoussées ; je l’espère bien, mais comme toutes ces fêtes sont prématurées !

Mercredi 20 novembre.

Parti de Paris gare de l’Est avec ma femme, Develle, Maginot et le docteur Thiéry.

Nous parcourons le département de la Meuse, lamentablement dévasté.

Nous arrivons à Montmédy. La place de la sous-préfecture a été baptisée par les Allemands : Kaisersplatz. Les habitants nous racontent que l’Empereur est, en effet, venu plusieurs fois dans la ville. À Mouzey, nous trouvons le général américain Allen, qui y a établi son quartier général.

Nous reprenons notre train à Dun, nous voyageons la nuit et rentrons à Paris le jeudi 21 au début de la matinée.

Jeudi 21 novembre.

Paul Cambon, qui vient me voir de très bonne