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FOCH ET CLEMENCEAU ÉLUS À L’ACADÉMIE

heure, m’explique que le roi d’Angleterre a voulu profiter de son voyage aux armées britanniques pour faire une visite à Paris. Il a prévenu Clemenceau et Pichon et ce sont eux qui ont négligé de me pressentir. Il s’est excusé auprès de Cambon de cet oubli dont il ne peut être responsable. J’indique à Paul Cambon que cette visite du roi d’Angleterre va me forcer à aller tôt ou tard à Londres. Il partage cet avis. Je lui dis que je profiterai de ce voyage pour aller à Glasgow, dont les étudiants m’ont nommé lord Rector de l’Université depuis plusieurs années. Il croit que j’aurai raison.

À une heure et demie, avant la séance de l’Académie, Brieux vient me communiquer un projet de motion par laquelle l’Académie, en raison des services incomparables rendus par Clemenceau et Foch, les élirait par acclamation. Il me demande mon avis. Je lui réponds que je ne fais aucune objection, mais qu’il faut, suivant moi, soumettre l’idée à Lamy, sévère gardien des traditions.

J’emmène Brieux à l’Institut dans mon auto. Là, nous consultons Lamy, qui croit le vote par acclamation impossible. Il y a vingt-trois présents. On vote. Foch et Clemenceau sont élus à l’unanimité.

Deschanel est très ému par les déclarations que Clemenceau a faites hier au groupe radical-socialiste sur la nécessité de procéder aux élections de 1919 pour que ce soit une nouvelle Chambre qui nomme mon successeur. Deschanel croit qu’il y a là un plan pour préparer l’élection de Clemenceau à la présidence de la République. Il me rapporte ce propos, tenu par Mandel : « Nous ferons une élection à la Sixte-Quint et nous ferons de la présidence ce qu’elle n’a jamais été jusqu’ici. »

Si Mandel dit vrai, Clemenceau sera bientôt aussi impopulaire qu’il est populaire aujourd’hui.

Capus me répète : « Il faut que ce soit vous qui