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LE CLERGÉ ALSACIEN

reçue de Jonnart, mécontent qu’on lui eût interdit d’assister comme gouverneur général à un Te Deum dans les églises et les mosquées. Il lit également la réponse qu’il a faite et qui est très vive et assez blessante. Clemenceau ajoute après cette lecture : « Jonnart, c’est un drôle d’homme. Il a demandé à aller en Algérie et maintenant, il veut quitter l’Algérie. Il désire un ministère ou un siège au Congrès de la paix. » Le Te Deum algérien amène Clemenceau à parler de Strasbourg et de la cathédrale. Il déclare que nous pourrons aller la voir, mais il ne croit pas possible que nous y assistions à un Te Deum, surtout moi. « Le président de la République représente, me dit-il, la France tout entière. » Je demande qu’on se renseigne sur place sur la possibilité de s’abstenir sans froisser la plupart des Alsaciens. Il est convenu que Jeanneney enverra quelqu’un pour se renseigner. Clemenceau reprend : « Je suis tout prêt à remercier le clergé de sa bonne attitude pendant la guerre et à avoir avec lui des rapports personnels, à laisser certaines congrégations autorisées tenir des écoles ; mais il y a un mouvement politique que je ne puis admettre. On veut profiter du retour de l’Alsace à la France pour revenir sur la séparation et rétablir le Concordat. Cela, non. »

Le Conseil continue. Fabre expose les mesures qu’il propose pour supprimer graduellement, après chaque démobilisation individuelle, les allocations des femmes. Les veuves toucheront jusqu’au paiement de leur pension.

Clemenceau, fatigué, s’endort d’un sommeil paisible.

Il résulte d’un « vert » que le roi d’Italie désirerait venir à Paris à condition que je lui rendisse visite à Rome. Bonin a même indiqué à Pichon que le roi voudrait venir tout de suite.

Je préviens le général Beaudemoulin de la néces-