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LA VICTOIRE

sité où je suis de remercier mon ancien personnel militaire et de reprendre des officiers en activité de service.

Mercredi 27 novembre.

Dans la matinée, Klotz m’annonce que, d’après les premiers résultats, l’emprunt donnera un chiffre nominal de 17 ou 18 milliards, c’est-à-dire un chiffre réel de 12 ou 13, qui dépassera celui de tous les emprunts antérieurs.

Je reçois une adresse très chaude de Bonnat au nom de la Fraternité des artistes.

Jeudi 28 novembre.

Le roi d’Angleterre arrive aujourd’hui à deux heures et demie à la gare de la Porte Dauphine. Malgré le temps pluvieux, foule très dense aux Champs-Élysées et dans l’avenue du Bois. Dès que le train s’arrête, le roi descend la main tendue. Il est accompagné du prince de Galles et du prince Albert. Je lui présente les présidents des Chambres et les ministres. Nous partons aussitôt, le roi et moi, dans ma victoria, capote baissée. Tout le long du trajet, acclamations folles, applaudissements, vivats, mouchoirs. Le roi paraît ravi. Je le conduis aux Affaires étrangères, puis je rentre à l’Élysée, où une demi-heure après, il vient nous rendre visite, à ma femme et à moi. Il reste avec nous trois quarts d’heure ainsi que les jeunes princes. Il me parle avec beaucoup de chaleur de la France, plaisante à plusieurs reprises l’idéalisme de Wilson et son ignorance de l’Europe. Il ne plaisante pas moins les prétentions militaires de l’Italie. Je remets la croix de guerre aux deux jeunes princes. Le prince de Galles me rappelle aussitôt discrètement que je lui en ai déjà remis une et me remercie finement de la seconde palme que je me trouve lui avoir décernée.