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RÉCEPTION DE WILSON À L’HÔTEL DE VILLE


Dimanche 15 décembre.

Dans l’après-midi à trois heures, M. et Mme Wilson nous rendent visite. Pendant un quart d’heure, nous parlons golf, jardin et autres banalités.


Lundi 16 décembre.

Dans la matinée, Klotz vient me communiquer le protocole signé à Trêves pour les clauses financières de l’armistice. Il en est très satisfait.

À deux heures, ma femme et moi, nous allons en victoria rue de Monceau chercher M. et Mme Wilson, et nous partons pour l’Hôtel de Ville, en voitures découvertes. Sur tout le parcours, acclamations, vivats, sifflets d’honneur, vacarme inouï qui ne me cause pas la même joie ni la même émotion que les acclamations de Strasbourg, de Colmar et de Mulhouse. Wilson ne se contente pas d’agiter son chapeau ; il envoie des baisers.

Conversation banale en anglais. Réception à l’Hôtel de Ville avec le même protocole que les précédentes. L’après-midi Clemenceau vient avec Pichon à l’Élysée : « Wilson, me dit-il avec satisfaction, vient de me rendre visite. J’étais allé le voir hier. J’avais passé une heure avec lui et House. Je suis très content. Je crois que tout marchera bien. Il me paraît difficile de nous opposer à ce qu’il siège à la conférence. Il affirme que si on ne l’y voulait pas, il n’en éprouverait aucune amertume, mais il désire y assister. Il a, du reste, ajouté que pour lui la question de la présidence ne se posait pas, qu’elle revenait de droit à la France. Alors, il vaut mieux qu’il soit là. S’il n’y était pas, on attribuerait à son absence toutes les déceptions que nous pourrons avoir. Je crois, d’ailleurs, que vous pourriez ouvrir la conférence et prononcer un discours général. Vous ne pourriez évidemment pas prendre part aux délibérations, mais vous pouvez présider la première séance. J’ai prévenu