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LA VICTOIRE

C’est un gros homme brun, au visage coloré, au front découvert, sans finesse apparente et sans élégance. Je cherche vainement sur ses traits la ressemblance avec Clemenceau que certaines gens prétendent y voir. Mais pourquoi ce financier est-il choisi par le Tigre comme ambassadeur à Berne ? C’est inexplicable.

Très belle manifestation à la Sorbonne pour célébrer l’anniversaire de la protestation des Alsaciens-Lorrains en 1871. Discours de Dubost, Deschanel, Barrès, Siegfried et Pichon. Pichon donne connaissance de quelques passages de la lettre du roi de Prusse, remise récemment par l’impératrice Eugénie, et du télégramme adressé le 31 juillet à Schœn par son gouvernement, déchiffré il y a peu de temps. Très gros effet.

Plusieurs ovations en l’honneur de Clemenceau qui est assis à côté de moi. À la fin de la séance, le public le force à parler ; il prononce quelques mots émus au milieu des applaudissements.

Comité de guerre. Un représentant du Nord, M. Motte, rapatrié, me rapporte que le moral des Belges, même Flamands, est resté excellent. La magistrature et le barreau de Bruxelles sont admirables. L’attachement au roi est indéfectible. Mais nos populations françaises du Nord souffrent beaucoup de la disette.

Kergall prétend que le nouveau gouvernement portugais est plus favorable à la France que le précédent. Ce gouvernement voudrait entraîner les syndicats agricoles dans une campagne sociale nationale.

M. Michu, ministre de Roumanie à Londres, appelé à Jassy par son gouvernement pour servir de négociateur avec l’Allemagne et d’ores et déjà porteur d’un passeport pour l’Autriche, me rend visite. Il paraît considérer la paix de la Roumanie comme inévitable. D’après lui, ce serait la seule