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LA CONFÉRENCE DE DOULLENS

Milner. Je crois qu’il serait bon que M. le président de la République voulût bien venir, lui aussi. Sa présence serait très utile. » Je réponds, bien entendu, que je suis tout à la disposition de Clemenceau et du Conseil.

On passe ensuite à quelques affaires courantes et la séance est levée.


Mardi 26 mars.

À huit heures, départ en auto pour Doullens avec le général Duparge ; Clemenceau part de son côté avec Mordacq ; Loucheur avec un colonel d’artillerie, Milner avec le général Wilson, Foch avec Weygand.

À Amiens, mon auto, s’étant trompée de rue, s’arrête un instant. Celle de Clemenceau la rejoint. Nous descendons, Clemenceau et moi, pour nous serrer la main. « Il est temps, me dit-il, que nous arrivions. J’ai su par le Comité de Versailles que Haig, tout en disant qu’il était d’accord avec Foch, veut se retirer vers le nord.

À onze heures, nous arrivons à Doullens. Haig ne nous attend que vers midi. Il a donné dans l’intervalle rendez-vous à ses généraux d’armée, et il me demande, en s’excusant, si je veux bien qu’il tienne cette réunion avant la nôtre. Clemenceau et moi, nous le laissons faire, et nous nous promenons dans le jardin de la mairie, sous un ciel pur et par un froid assez vif[1].

Le sénateur Rouzé, maire de Doullens, et le député Jovelet, sont là, tous les deux, très préoccupés.

« Si Amiens est pris, me demande M. Rouzé, ferez-vous la paix ? » Je lui réponds : « Ce n’est pas moi qui ai le droit de faire la guerre ou la paix ;

  1. Voir Paul Carpentier et Paul Rudet, la Conférence de Doullens. (Podone éditeur.)