Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/117

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de celles qui ont déjà pénétré sur le territoire neutre, l’arrivée du contingent britannique, la perspective effrayante d’un enveloppement beaucoup plus large et plus dense que celui dont on avait fini par prévoir la possibilité, la nécessité désormais reconnue d’étendre l’action de notre commandement le long de la frontière belge jusqu’au littoral, déterminent le général Joffre à nous demander que le Nord et le Pas-de-Calais soient incorporés dans la zone militaire. Le ministre de la Guerre prend, en ce sens, un arrêté qui paraîtra à l’Officiel demain matin.

La pression qui s’exerce, de toutes parts, sur le front belge et sur le nôtre oblige, en outre, le généralissime français à stimuler, de nouveau, son collègue de Russie. Ce n’est certes pas que personnellement le grand-duc Nicolas ait besoin d’exhortations, mais, comme il me disait un jour, en 1912, « dans l’immensité de l’empire, quand un ordre est parti, on n’est jamais sûr qu’il arrive ». Nos alliés russes ont pris l’offensive le 14 août. Les trois armées du nord-ouest, formées de douze corps, ont attaqué les Allemands, les deux premières au nord de la Vistule, la troisième au sud de ce fleuve. Une quatrième armée, composée de trois corps, doit marcher sur Posen et sur Breslau. D’autre part, au sud-ouest, trois armées, qui comprennent environ douze corps, opèrent contre l’Autriche7. L’empereur, le grand-duc Nicolas, le général Yanouschkevitch déclarent à l’envi qu’ils s’ouvriront le plus rapidement possible la route de Berlin, que les hostilités à poursuivre contre les forces austro-hongroises sont stratégiquement