Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/118

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d’ordre secondaire et qu’il faut, avant tout, obtenir la destruction de l’armée allemande. Ils s’approprient donc expressément la thèse du commandement français8. M. Paléologue répète, en outre, que l’Angleterre a tort de s’inquiéter9 et que la Russie ne réserve pas un seul homme en vue d’une occupation éventuelle contre la Turquie10. Notre ambassadeur nous assure enfin que le manifeste aux Polonais a été unanimement approuvé par l’opinion russe. La plupart des journaux de Pétersbourg et de Moscou consacrent des articles dithyrambiques à la réconciliation de la grande famille slave. Mais je voudrais connaître l’opinion de Varsovie. Je continue à craindre que, dans les pays polonais, le sceptre du tsar n’apparaisse guère comme un emblème de libération. En tout cas, la proclamation russe a causé en Allemagne une très vive irritation. Les autorités impériales ont contraint les administrateurs du diocèse de Posen à publier un mandement pour rappeler les persécutions endurées sous la domination russe par les catholiques polonais et pour inviter leurs ouailles à combattre fidèlement sous les étendards germaniques11.

D’autres initiatives russes et, en particulier, celles de M. Sazonoff, ajoutent à nos soucis. Indiscrètement pressé par le ministre de Russie à Bucarest, M. Bratiano lui a déclaré, comme il l’avait annoncé, qu’il ne pouvait encore rien promettre à personne et que si l’on insistait auprès de lui pour obtenir une réponse immédiate, elle serait négative. M. Sazonoff