Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/131

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escompter l’avenir et pour prendre des engagements dont le sort dépendra fatalement de l’étendue de la victoire.

Aujourd’hui, il est vrai, abondent les télégrammes optimistes. Nous apprenons dans la soirée que les troupes de la 2e armée occupent, au delà de la Seille, toute la région des étangs jusqu’à l’ouest de Fenestrange. De Nisch, M. Boppe nous informe qu’une bataille a été livrée hier entre les Serbes et les Autrichiens à Loznitza et à Chabatz. Trois régiments ennemis ont été anéantis. Quatorze pièces de canon ont été prises. Les Autrichiens en déroute sont poursuivis par les Serbes. De Moscou, M. Paléologue télégraphie20 que la cérémonie du Kremlin s’est accomplie ce matin avec un éclat incomparable. « L’enthousiasme fanatique de la foule, dit notre ambassadeur, témoigne à quel point la guerre actuelle est populaire en Russie. » Puissent ce fanatisme et cette popularité servir aussi longtemps qu’il le faudra les intérêts de l’alliance ! Mais, tandis que brillent sous nos yeux ces lueurs éparses, que d’ombres s’épaississent devant nous !

L’armée allemande progresse rapidement en Belgique ; elle vient d’occuper Tirlemont ; l’armée belge, qui a éprouvé des pertes considérables, est obligée de se replier. C’est visiblement au nord que grandit la menace.

Les nouvelles de Turquie sont un peu meilleures. Satisfait des assurances de la Triple-Entente, le grand vizir parait aujourd’hui décidé à maintenir la neutralité21. Il a promis que le Gœben et le