Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/147

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n’y a à sa disposition que des troupes de dépôt, de réserve et de territoriale, mais insuffisamment reprises en main. Le ministre craint donc qu’une attaque brusquée n’ait, si elle se produit, de grandes chances de réussir. Il déplore, cette fois encore, la lenteur des Anglais. D’après nos accords militaires, c’ était à eux de couvrir notre aile gauche, et ils n’ont pas encore manœuvré.

Je reçois une lettre du cardinal Amette ; Il me prie de me faire représenter mercredi prochain à la messe qui sera donnée à Notre-Dame en mémoire du pape décédé. Il ajoute gracieusement que, si je désire le voir avant son départ pour Rome, il se tient à ma disposition. Je dis à MM. Viviani et Doumergue que, malgré les lois de séparation, je suis d’avis de me faire représenter au service religieux, tant par respect des convenances diplomatiques que dans un sentiment d’union sacrée.

Ils n’élèvent aucune objection. Ils pensent également, comme moi, que je dois recevoir le cardinal, s’il désire me voir, mais ils estiment que c’est plutôt à M. Jules Cambon de lui faire connaître les idées du gouvernement et ils me prient de convoquer l’ambassadeur pour lui confirmer notre opinion commune. J’appelle donc M. Jules Cambon. Il ira à l’archevêché demain matin, et il dira au cardinal que le gouvernement compte sur une entente patriotique entre tous les cardinaux français. Il sait qu’ils voteront pour le candidat à la fois le plus digne et le plus favorable à ]a France, mais ils devront agir avec beaucoup de tact et de prudence et, en face des autres pays, ne point paraître obéir à une sorte de mot d’ordre national. Pour éviter ce péril, mieux vaudrait même peut-être que l’archevêque de Paris ne vînt à l’Élysée